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Marché des fruits et des légumes : Prédominance des intermédiaires dans la fixation des prix

© D.R

Multiplication des marchés de gros parallèles.

Avis : Le Conseil de la concurrence liste les nombreux dysfonctionnements du marché des fruits et des légumes au Maroc dans son avis publié récemment sur l’état de concurrence dans le secteur.

Le Conseil de la concurrence a publié son avis sur l’état de la concurrence dans le marché des fruits et des légumes au Maroc. Le Conseil pointe du doigt de nombreux dysfonctionnements notamment la multiplication des marchés de gros parallèles, la vétusté des infrastructures, l’absence de cadre juridique, la multiplicité des intermédiaires sur les circuits ainsi que la collusion tacite entre les détaillants. S’agissant de la fixation des prix et des marges au sein du marché de détail, le Conseil relève que ces prix et marges ne sont pas le fruit d’une saine concurrence, mais plutôt le résultat d’une collusion tacite entre les détaillants qui s’alignent les uns sur les autres pour déterminer des marges pouvant aller du double au triple.

Ce phénomène d’alignement des prix est observable dans toutes les catégories de commerçants de détail, qu’il s’agisse des marchés de proximité, des marchés centraux urbains, des souks dans les zones urbaines, des marchés hebdomadaires dans les zones périurbaines et rurales, des magasins d’alimentation et des commerçants ambulants, ainsi que des grandes surfaces. Le Conseil note que cette situation soulève des préoccupations importantes quant à la transparence et à l’équité dans le fonctionnement du marché de détail, ainsi qu’à l’impact sur les consommateurs qui peuvent se retrouver à payer des prix disproportionnés en l’absence d’une véritable concurrence. Dans son avis, le Conseil signale que les intermédiaires occupent une position stratégique entre les producteurs et les consommateurs, ce qui leur confère un pouvoir significatif dans la fixation des prix. Bien qu’ils contribuent à la disponibilité des produits, ils agissent également en tant que faiseurs de prix. Leurs décisions ont un impact direct sur les prix à chaque étape de la chaîne, de la production à la vente au détail. Ils peuvent ajuster les prix en fonction de la demande du marché, de l’offre de produits disponibles, des coûts de distribution, des préférences des consommateurs et d’autres facteurs économiques.

Ainsi, les intermédiaires exercent un pouvoir de marché important dans la détermination des prix des fruits et légumes. Les intermédiaires captent la majeure partie de la valeur ajoutée générée par le circuit. En effet, la marge brute des intermédiaires constituerait la composante dominante dans la formation des prix de vente, s’appropriant en moyenne près de 34% du prix final, contre une part de 30% pour les producteurs.

Le Conseil fait remarquer que la manipulation abusive des prix constitue une pratique interdite par la législation marocaine, notamment par la loi n° 104.12 relative à la liberté des prix et de la concurrence, ainsi que par la loi n°13-83 relative à la répression des fraudes sur les marchandises. Il est aussi important de mentionner la multiplication des marchés parallèles informels en l’absence de tout contrôle. Bien qu’il n’existe pas de données précises sur l’ampleur de ces marchés informels, les opérateurs du marché de gros des fruits et légumes (MGFL) de Casablanca estiment que leur poids représente plus de 25% des flux de produits circulant dans la ville.