Culture

Ravi Shankar conquiert le public

© D.R

Quelques jours avant le commencement de la onzième édition du festival de Fès, son nom était déjà sur toutes les langues. Ceux qui le connaissent avaient hâte d’assister à son concert. Cet artiste, tête d’affiche du festival, très attendu, voire même convoité, s’est produit, samedi soir, dans les remparts de Bab Makina. Il était au rendez-vous pour faire preuve de son talent de musicien spirituel, mais surtout de sa maîtrise de l’art du sitar.
Cet instrument à cordes pincées symbolise l’univers musical et spirituel de l’Inde. Ravi Shankar est considéré comme le porte-son de cet instrument dans le monde entier. Par là-même, ce musicien a atteint les portes de l’universalité. Il est renommé dans le monde entier pour être pionnier de la musique indienne en Occident. Cette étiquette lui a été attribuée non seulement par ses multiples fans et admirateurs mais aussi et surtout par les musiciens professionnels. Le grand violoniste et ami de Ravi Shankar Yehudi Menuhin le comparait à Mozart et Georges Harisson le qualifiait de parrain de la World Music. Son maître est Allauddin Khan, un multi-instrumentaliste indien. Il le fascine et il choisit de suivre son enseignement. Une fois son apprentissage accompli et après plusieurs concerts, Ravi se lance dans la composition. Il réalisera des morceaux de la musique classique hindustanie. Une musique savante qui se développera dans les cours de Mahrajahs et des Nawab de l’Inde ancienne. C’est dans ce registre même que sont puisées les musiques de Ravi Shankar et dont un best-of a été présenté au public de Bab Makina. L’artiste a fait valoir son art et sa maîtrise de la science des Ragga. Ce terme n’a rien à voir avec le très rythmique style «reggae» célèbre en Jamaïque, en fait, il s’agit plutôt d’une échelle musicale qui peut être comparée au «Makam» dans le monde arabe. Dés le commencement de son concert Ravi Shankar s’explique ou plutôt annonce la couleur de sa musique qu’il joue depuis des décennies. « C’est une musique qui est interprétée en Inde du Nord, elle est riche en intériorité » déclare-t-il de sa voix tremblante qui trahit son âge avancé. Mais cela n’empêche pas Ravi Shankar d’être sûr de sa capacité instrumentale et musicale. Les morceaux qu’il a joués, ce soir-là, renseignent sur leurs valeurs spirituelles. Ravi Shankar a même déclaré à la presse internationale qu’il a choisi pour le public de Fès, des raggas très contemplatifs à l’image même de la ville. Des sons de onze temps tout en hauteur rythment tout le concert.
Le premier morceau offert par Ravi est très spirituel. D’ailleurs, il l’annonce lui-même. Il commence par emporter les âmes des spectateurs dans les hauteurs du ciel. Là où tout est idyllique, et où la magie des lieux fait ressentir un sentiment de satisfaction intense. Les tambours des musiciens qui l’accompagnent rejoignent son sitar dans un cycle de quête éternelle. Cette intensité est ressentie dans ce morceau avant que Ravi ne réveille les spectateurs en les faisant redescendre sur terre. Il dit «ce ragga est moins spirituel, nous allons au ciel par la terre, où la réalité est tellement opposée à cet idéal dont rêve tout être humain». Il ajoute aussi «il n’y a plus ni amour, ni amitié, tout est tellement plat».
Après chaque morceau Ravi fait un commentaire pour mieux expliquer sa démarche. Même si, sans les paroles, les auditeurs arrivent à sentir la profondeur de cette musique. Une musique qui, par moment, rappelle les noubas de la musique andalouse. Dans ce sens, Ravi Shankar avait déclaré à la presse internationale : «qu’il y a tellement de carrefours entre la musique indienne et arabe ». Ce rapprochement était de mise lors de ce concert, où Ravi Shankar était accompagnée de sa fille et son élève Anoushka Shankar qu’il a initiée à la technique du Sitar à l’âge de 9 ans. Une façon de perpétuer la tradition des raggas et de créer une relève pour que Ravi Shankar reste éternel.

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