Prédateurs fantômes

La dernière enquête du Conseil de la concurrence sur la filière des fruits et légumes a établi de manière claire et bien documentée les dysfonctionnements qui affectent les circuits de distribution et particulièrement le décalage entre les prix payés en début de chaîne aux producteurs et ceux payés en fin de parcours par le consommateur final, notamment les ménages.

Au centre de cette mécanique défectueuse, les intermédiaires qui finalement sont les faiseurs de prix et qui engrangent la plus grande partie des marges et gains. La présomption de manipulation abusive de prix, un délit qui tombe sous le coup de la loi, n’est pas loin mais encore faut-il en établir les preuves matérielles irréfutables. Ce qui est difficile, pour ne pas dire impossible, à réaliser puisque la filière, selon les conclusions dudit Conseil, est minée par l’informel.

Que ce soit l’assainissement, l’organisation ou la modernisation des circuits de distribution des fruits et légumes, rien ne pourra être fait ni réussi tant que continueront à prospérer des acteurs échappant aux radars, qui ne font pas l’objet de déclarations ni de dispositifs réglementaires permettant un minimum de traçabilité.

Pour autant, ces intermédiaires et distributeurs «fantômes» sont dûment connus, identifiés parce qu’ils opèrent au grand jour et leurs activités sont matériellement visibles sur le terrain profitant, entre autres failles, d’une zone d’ombre juridique. C’est peut-être par là que pourrait commencer la lutte contre ces prédateurs invisibles…