Culture

Fatiha Nouhou : «La mémoire est le lien entre le néant et le temps»

© D.R

ALM : Comment est née l’idée du recueil «Le néant ne nous abolira jamais»?
Fatiha Nouhou: Tout d’abord, un recueil est une célébration de poèmes. D’autant plus que quand on a envie de dégager des émotions et même des frustrations, le poème et l’inconnu se croisent dans le sens de la surprise qui est un destin personnel que l’on doit affronter indépendamment des cumuls sinon on tomberait dans la monotonie sans évoluer.

Qu’insinuez-vous par le titre ?
Le titre est une métaphore exprimant un duel amical avec la mort, dont nous reconnaissons le fatalisme, mais il serait lâche de se résigner parce que si la mort s’empare de nous, au moins nous laissons des traces. Donc le titre est une métaphore pour défier la disparition, l’oubli, voire la créativité qui résiste au temps relativement.

Quelle est la relation entre le néant et le temps dont vous parlez dans le recueil?
La mémoire est le lien entre le néant et le temps. Le poème exprime mes émotions intérieures, mes entrailles et qui sont traduites par des métaphores, ainsi je m’en débarrasse. Mais je suis éprise par l’idée que la mémoire me trahisse, alors j’ai choisi de trahir la mémoire car j’ai peur de passer à côté des mots sans les apercevoir, j’ai même peur d’oublier ceux que j’aime.

Pourquoi avoir intégré la traduction française dans le recueil ?
Non seulement j’ai eu recours à la traduction française mais aussi visuelle. La raison est à attribuer à la volonté de faciliter l’accès aux dessous des poèmes. Parce que si d’aucuns sont attirés par les mots d’autres le sont par une langue étrangère comme il y en a ceux qui comprennent un texte à travers une couleur. Et je pense que ce que j’ai fait avec l’artiste Naima El Melkaoui qui a illustré le recueil avec ses toiles ainsi qu’avec la traductrice Sofia Chihab a réalisé ce voyage vers l’autre. D’ailleurs mon père était le premier passager.

Le texte arabe comporte des figures de style assez compliquées. Etait-ce fait exprès ?
Absolument pas, parce que j’écris quand j’atteins l’apogée de l’angoisse au point que même la langue est incapable de me sauver de cet état, c’est pourquoi j’ai recours à des figures de style ayant la même complexité que la renaissance de ses cendres.
 
Vous avez illustré le recueil avec des toiles meublées de corps dénudés, chose qui abonde dans le sens des poèmes, comment expliquez-vous ce choix ?
Le corps est la partie visible que ce soit dans les toiles ou les textes, mais ce n’est pas le pari recherché. Moi et l’artiste Naima El Melkaoui partageons l’idée que le corps féminin reflète la beauté de la création. Mais nous nous différencions relativement au niveau de ses dimensions. Ainsi, la spiritualité des toiles transcende le corps loin de l’érotique de quelques métaphores utilisées dans certains textes.

Pourquoi avoir choisi de dédier l’un des poèmes de votre recueil à l’artiste-peintre Ahmed El Ghenimi ?
C’est lui qui m’a dédié le poème quand il était sur le cercueil même si j’étais consciente de l’inévitabilité même dans sa lutte contre la maladie maligne avec ses couleurs vives. Quand il a quitté ce monde, je n’ai pas eu de consolation, alors je n’ai pas trouvé mieux que le questionnement de la mort à propos de la disparition forcée des êtres humains.

Quelles sont les valeurs que vous tentez de véhiculer à travers votre recueil ?
Des valeurs individuelles, bilatérales et collectives. Il se peut que l’on diverge pour les exprimer mais ce qui les unit c’est la célébration de l’âme après l’avoir interrogée, la critiquer, respecter son intimité et porter à son égard un regard inductif.

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