Société

Transport en commun : M Dina Bus informe et dénonce

© D.R

Pour la première fois, M’Dina Bus, après huit années d’exploitation, décide de mettre publiquement sur le tapis les différents problèmes du transport en commun rencontrés. Une occasion aussi de dévoiler certaines cartes pour faire un clin d’œil à ses concurrents. Depuis 2004, Abderrahim Lhassani, dépêché de la CDG et reconnu pour son profil de redresseur de sociétés en difficulté, œuvre avec ses équipes pour élucider la problématique. «Le moyen du bus est le moyen le plus accessible. Nous avons pour mission de l’améliorer. Les volontés existent mais à aujourd’hui la partie délégante ne s’est toujours pas réunie avec nous pour discuter des problèmes que nous rencontrons quotidiennement», déplore-t-il. Pour rappel, le contrat avait été négocié sous la condition d’une exclusivité en termes d’exploitation par M’Dina Bus qui opère aujourd’hui avec quatre autres concessionnaires. En guise d’indemnité, la mairie a versé une première fois 200 MDH et les actuels 200 MDH n’ont à aujourd’hui été encaissés qu’à hauteur de la moitié pour combler la perte annuelle.
Concrètement sur un chiffre d’affaires annuel en 2012 de 500 MDH, la perte hors investissement s’est élevée à 620 MDH. «Sur les 70 lignes que nous exploitons, seules deux d’entre elles sont rentables commercialement», argumente le DG de M’Dina Bus qui n’omettra pas toutefois de rappeler que même le numéro un mondial du transport en commun a jeté l’éponge après avoir assuré le service à Rabat et essuyé une perte cumulée de l’ordre de 700 MDH.
Bref, le pavé est lancé dans la mare et les responsables ont bien signifié leurs attentes pour un dialogue sans plus tarder avec l’autorité déléganté. Il en va de tout un processus de modernisation. Car sans cela quelle que soit la technologie implémentée au système de billetterie ou dans la mise en place d’un système sophistiqué de surveillance serait amputée de son efficacité totale. Les enjeux sont pourtant énormes. Le réseau dessert pas moins de 127.300 hectares sur le Grand Casablanca. 45 millions de km sont parcourus par an par ses bus. Chaque véhicule parcourt 14 fois la ligne !
Une récente étude réalisée en interne par le département marketing de la société a révélé que 141 millions de passagers sont transportés annuellement. Un demi-million utilise ce moyen de transport en commun. 90% d’entre eux l’utilisent chaque jour. 64% prennent le bus pour se rendre à leur lieu de travail. «Si le service s’arrête, cela voudrait dire que quelque 350.000 personnes ne pourraient pas se rendre à leur lieu de travail», en déduit Mekki Ben Chehida, responsable commercial et marketing à M’Dina Bus. Sur le plan humain, les recrutements ont doublé pour suivre l’activité de la société dont les lignes ont doublé également. Des plans de formation et des programmes anti stress sont programmés régulièrement pour le personnel notamment les chauffeurs qui à terme se verront seuls à assurer les circuits (sans régisseur) compte tenu de l’automatisation du service des tickets d’accès aux bus.
Une large campagne de sensibilisation est, d’ailleurs, prévue pour expliquer à tous les usagers l’inversement du sens de l’accès aux véhicules.
Sur un autre registre, la gestion des flux, bien souvent chamboulée, actuellement, par les déviations de la voierie imposées par le passage du Tramway demeure le casse-tête chinois du département technique de la société. «Du jour au lendemain nous nous trouvons face à un dilemme sans même avoir été prévenu par les autorités locales pour prendre nos dispositions», déplore Salim Attar, responsable technique de la société.
Il est clair que la gestion d’un parc de 866 véhicules suppose un schéma clair où les contraintes exogènes ne peuvent que plomber la bonne marche du processus.
Car si l’objectif d’assurer le service de transport à travers le réseau octroyé en garantissant le bon entretien et la sécurité de ses usagers, il n’en demeure pas moins que le contexte actuel perturbe la prestation. Autre tâche sombre dans le quotidien des chauffeurs ; celle du vandalisme pour lequel les autorités sont encore quasiment absentes au grand désarroi d’une population de plus en plus exposée aux agressions.
Le coût annuel engendré par le vandalisme a été estimé à 4,6 MDH (hors derby Raja-WAC où les réparations sont prises en charge par l’autorité délégante). «En 2008, 50 à 140 bus ont été saccagés en même temps. Le record ayant été enregistré le 31 décembre 2011 lors du derby Raja-WAC où 149 bus ont subi des dégâts matériels graves», rappelle Mehdi Safouane, directeur d’exploitation à M’Dina Bus.
Les actes de vandalisme sont enregistrés en fait au quotidien par l’opérateur. «En moyenne 10 bus sont cassés par jour. A New York, le taux de criminalité était parmi les plus élevés du monde, les autorités ont agi, justement, sur les auteurs de vandalisme au niveau des transports en commun pour faire baisser significativement cet indicateur. Aujourd’hui, ces derniers sont plus sécurisés dans le Bronx qu’à Paris».  L’exemple est édifiant. Le modèle à suivre.
Mais la réalité demeure inchangée. L’insécurité de la métropole vouée à ses délinquants, ses criminels et ses drogués devient incontrôlable… La réaction des forces de l’ordre se fait attendre et la direction générale de M’Dina Bus appelle à assurer le même service dans les bus que dans le Tramway étant donné la complémentarité des deux transports en commun. Le message est clair.

Articles similaires

SociétéUne

Les étudiants du privé mieux préparés au marché du travail au Maroc

Environ 78,3% des écoles privées ont des partenariats avec des entreprises

SociétéUne

Béni Mellal-Khénifra: Ait Taleb lance les services de 21 centres de santé urbains et ruraux

Au niveau de la province de Béni Mellal, 11 centres de santé...

SociétéUne

Politique du genre : We4She poursuit son lobbying pour l’égalité en entreprise

Les membres de We4She tous unis pour casser les stéréotypes qui freinent...

EDITO

Couverture

Nos supplément spéciaux