Emploi

Maroc – Chômage : La situation du marché du travail ne s’améliore toujours pas

© D.R

Le gouffre entre les objectifs du gouvernement et les réalités de l’économie nationale en matière de chômage continue de se creuser. Bien loin des 6% prévus par l’équipe d’Abdelilah Benkirane pour 2016, le taux de chômage au Maroc se rapproche plus de la barre symbolique des 10%, étant passé de 9,2 à 9,9% en 2014. Selon une note d’information du Haut-Commissariat au Plan (HCP) rendue publique mercredi soir, le nombre de chômeurs s’est accru de 86.000 personnes entre 2013 et 2014, portant ainsi le nombre global de chômeurs dans le Royaume à près de 1,2 million de personnes.

Les chiffres du HCP brossent une réalité pour le moins inquiétante : il ne fait pas bon être jeune, citadin et diplômé au Maroc. Cette crise du marché du travail touche particulièrement les habitants du milieu urbain, les jeunes et les détenteurs de diplômes. Ainsi, près de huit chômeurs sur dix (80,2%) résident dans le milieu urbain, près des deux tiers (62,6%) sont âgés de 15 à 29 ans et plus du quart (27,6%) détiennent un diplôme de niveau supérieur.

Pourtant, cette même note du HCP relève la création de 21.000 nouveaux postes d’emploi en 2014. Si ce chiffre s’efface derrière une augmentation de la population active (de 0,9%), il est par ailleurs à prendre avec précaution pour une toute autre raison. Ces 21.000 postes créés comprennent autant les emplois rémunérés que non rémunérés. Un examen plus rapproché de l’état des lieux dressé par le HCP fait ressortir une autre conclusion : en 2014, 24.000 emplois rémunérés ont été perdus, résultant d’une création de 43.000 en milieu urbain et d’une perte de 67.000 en milieu rural. L’emploi non rémunéré a enregistré, quant à lui, une hausse de 61.000 postes en zones rurales et une perte de 16.000 postes en zones urbaines, ce qui correspond à la création de 45.000 postes au niveau national. Ainsi, le taux de chômage est plus bas en milieu rural mais avec une prépondérance des emplois non rémunérés.

Comme indiqué précédemment, la population active âgée de plus de 15 ans a augmenté de 0,9% entre 2013 et 2014. Parallèlement, la population en âge d’activité s’est, quant à elle, accrue de 1,5%, résultant ainsi en une baisse du taux d’activité, qui est passé de 48,3 à 48%. Pour ces mêmes raisons, le taux d’emploi a lui aussi baissé, passant de 43,8 à 43,3% au niveau national. Cette baisse est partagée équitablement entre les milieux de résidence: de 36,4 à 35,9% en milieu urbain et de 55,2 à 54,7% en milieu rural.

En ce qui concerne les secteurs d’activités les plus pourvoyeurs d’emplois (voir encadré ), les services arrivent en première position, avec un accroissement de 1% du taux d’emploi dans le secteur. L’année 2014 semble avoir été bonne, sans être exceptionnelle pour ce type d’activités. Entre 2013 et 2014, 42.000 postes d’emploi ont été créés dans le secteur des services, tandis que la moyenne annuelle des trois dernières années est de 109.000 emplois. Au niveau de ce secteur, les emplois ont notamment été créés par la branche «commerce de détail et réparation d’articles domestiques», à hauteur de 29.000 postes, et par celle des «services personnels», à hauteur de 10.000 postes.

88,6% des non-chômeurs n’ont pas le Bac

Faire des études serait-il finalement une mauvaise idée? La note d’information du HCP met en relief un constat consternant : plus le Marocain a un niveau d’instruction élevé, plus il a du mal à trouver un emploi. Ainsi, non seulement plus du quart des chômeurs (27,6%) détiennent un diplôme de niveau supérieur mais au sein même de cette catégorie, le taux de chômage ne cesse de se creuser. Il est passé de 16,3 à 17,2% entre 2013 et 2014. Encore plus alarmant, parmi les «actifs occupés», c’est-à-dire les personnes en âge d’activité détenant un emploi, 88,6% ont un niveau d’instruction inférieur au baccalauréat. En effet, contre 62% sans diplôme et 26,6% avec un diplôme de niveau moyen, seulement 11,4% ont un diplôme de niveau supérieur. La note du HCP précise que «les diplômes de niveau supérieur regroupent les baccalauréats, les diplômes de techniciens ou de techniciens   spécialisés et les diplômes d’enseignement supérieur». Ces proportions varient de manière notable selon le secteur d’activité, le taux d’actifs occupés sans diplôme étant le plus élevé dans le secteur de l’agriculture, forêt et pêche où il atteint 84,1%.

Les Marocains entre le chômage et l’emploi dans de mauvaises conditions

Outre le taux de chômage de plus en plus élevé, la qualité du travail laisse, elle aussi, à désirer. En chiffres, cela se traduit par un taux de couverture médicale de moins de 21% chez les personnes disposant d’emploi. Autrement dit, près de huit actifs occupés sur dix (79,5%) ne disposent pas de couverture médicale.

Cette proportion passe à 94,4% en milieu rural contre 64,8% en milieu urbain. Parmi les salariés, ils sont 58,2% au niveau national à ne pas disposer de couverture médicale, entre 81,6% en milieu rural et 49,6% en milieu urbain. Autre donnée pour le moins effrayante : près de deux salariés sur trois, soit 62,6%, exercent leur emploi sans contrat de travail, cette proportion atteint un pic de 91,6% dans le secteur de l’agriculture, forêt et pêche. Par ailleurs, l’une des défaillances que présente le marché du travail marocain est le phénomène de sous-emploi.

Le volume des personnes occupant des emplois en deçà de leurs compétences est passé de 978.000 à 1.100.000 personnes en 2014, atteignant ainsi 10,3% des actifs occupés. Cette proportion est aujourd’hui de 9,5% dans le milieu urbain et 11,2% dans le milieu rural.

Avec un taux de sous-emploi de 17%, les personnes exerçant dans le secteur du BTP sont les plus touchées par ce phénomène. Un constat, précise la note du HCP, valable aussi bien dans le milieu urbain que dans le milieu rural.

 

Le volume d’emploi de l’industrie du textile en chute libre

Création nette d’emploi, entre 2013 et 2014, par secteur d’activité et milieu de résidence

Si le secteur des services a été le plus grand pourvoyeur d’emplois  en 2014, celui de l’industrie, qui comprend également l’artisanat, a perdu pas moins de 37.000 postes d’emploi, inscrivant ainsi une baisse de 3% du volume d’emploi du secteur. Cette proportion est d’autant plus inquiétante qu’elle représente presque le double de la perte annuelle moyenne des trois dernières années, estimée à 18.000 postes. Ce recul significatif est le fait du repli de l’industrie du textile. La branche «textile, bonneterie et habillement» a, en effet, enregistré la perte de plus de 32.000 emplois.

Dans une note plus positive, le secteur «agriculture, forêt et pêche» arrive juste derrière les services, enregistrant 16.000 nouveaux postes en 2014. Ceci représente une hausse de 0,4% du volume d’emploi dans le secteur, contre une création de 58.000 postes l’année dernière et une perte de 3.000 postes, en moyenne, au cours des trois dernières années. En revanche, du côté du BTP, après avoir perdu une moyenne annuelle de 14.000 postes d’emploi au cours des trois dernières années, le secteur a connu une stagnation de son volume d’emploi en 2014.

 

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