Société

Mort pour treize dirhams

© D.R

Vendredi 23 juillet 2004, dans la matinée. Le boulevard Assa, juste derrière le complexe cinématographique Dawliz-Corniche, semble très calme. Quand, tout à coup, quelqu’un s’aperçut de la présence d’un cadavre, gisant dans une mare de sang. Stupéfaite, la personne qui a fait la macabre découverte a vite fait d’alerter la police. Le chef des brigades urbaines de la PJ et ses limiers de la sixième section judiciaire de la Sûreté de Casablanca-Anfa se sont dépêchés sur les lieux. Un constat d’usage a été effectué aussitôt : Il s’agit du cadavre d’un quinquagénaire, vêtu d’un tee-shirt blanc, d’un blouson en jeans et d’un pantalon. Son genou droit présentait une blessure importante. Qui est-il ? Le défunt ne porte sur lui aucune pièce d’identité. Quel est le mobile du crime et qui en est l’auteur ? La réponse à ces question s’avère quelque peu difficile, puisqu’il n’existe aucun indice permettant de déboucher sur une piste.
Le cadavre a été évacué sur l’hôpital médico-légal d’Aïn Chok. Le résultat de l’autopsie est catégorique : mort non naturelle, survenue suite à une hémorragie. Autrement dit, le défunt a été blessé avant d’être abandonné à son sort. Ne pouvant pas se lever pour aller se soigner, le sang continuait de couler sans cesse de son genou jusqu’à ce qu’il perde connaissance, avant de rendre l’âme.
Depuis cette nuit du vendredi, les éléments de la police judiciaire ont procédé à une opération de ratissage sur le boulevard Assa et dans ses environs. Sans résultat. Du samedi 24 juillet au mardi 27, les recherches sont demeurées vaines. Quelques ivrognes, des vagabonds, ou des personnes en compagnie de filles de joie, qui n’ont aucune relation avec le meurtre ont été arrêtés. Pire encore, les enquêteurs ne disposent même pas d’un élément ou indice sur le ou les auteurs du crime. Entre-temps, les enquêteurs ont recueilli des témoignages faisant état de la disparition, depuis quelques jours, d’une bande qui fréquentait les mêmes lieux et qui semait la terreur chez les passants.
Ses membres ont-ils un lien avec le crime ? Les enquêteurs ne pouvaient ni confirmer ni rejeter cette hypothèse. Seul le résultat de l’enquête allait les convaincre de leur culpabilité ou de leur innocence.
Cinq jours plus tard, c’est à dire mercredi 28 juillet, un trio venu sur les lieux, a mis la puce à l’oreille des éléments de la police qui effectuaient une ronde. Ces derniers sont descendus de leur véhicule de service et les ont surpris en train de se soûler. Qui sont-ils ? Que faisaient-ils ? Fréquentaient-ils souvent les mêmes lieux et pourquoi ? Un tas d’interrogations ont permis aux enquêteurs de mettre l’index sur eux. D’une question à l’autre, ils ont fini par cracher le morceau. Ce sont bel et bien eux qui ont tué l’homme et avaient l’intention d’en tuer un autre. Comment ?
Jeudi 22 juillet, Abdelhak, Mohamed et Hamid, âgés respectivement de 32, 34 et 36 ans s’enivraient ensemble. Seulement leurs bouteilles de vin rouge se sont vidées et leurs poches aussi. Et la solution ? Il faut se rendre sur le boulevard Assa pour agresser des passants. C’est ce qu’ils ont fait. Quelques minutes plus tard, un quinquagénaire traînait ses pas. Le trio l’a remarqué et Abdelhak s’est avancé vers lui. Sans lui adresser la parole, il a brandi un couteau. Craignant d’être poignardé, l’homme a reculé de quelques pas.
Abdelhak a continué à s’avancer vers lui, sans lui demander quoi que se soit. À un moment, l’homme s’est arrêté, attendant ce qui lui arriverait. Abdelhak le regardait sans piper mot. L’homme l’a supplié de le laisser en paix. Sans lui permettre d’ajouter une autre phrase, Abdelhak lui a asséné un coup au niveau du genou. L’homme est tombé par terre en criant au secours. Mais personne n’était sur les lieux. Les deux autres malfrats se sont approchés de lui pour fouiller ses poches. Ils n’ont trouvé que 13 dirhams et l’ont abandonné pour prendre une autre destination non loin du boulevard Assa. Ils ont croisé un autre homme.
Quand Abdelhak a tenté de lui asséner un coup, l’un de ses amis l’en a empêché. Le deuxième homme s’est enfui et les membres du trio sont rentrés chez eux comme si de rien n’était. Soumis à interrogatoires, les membres du trio, tous des repris de justice, ont avoué avoir perpétré en outre 13 agressions et 25 vols dans des voitures. Le vendredi 30 juillet, les trois voyous ont été conduits par les enquêteurs sur les lieux du crime pour une reconstitution et ce avant d’être traduits devant la Cour d’appel de Casablanca. Pour sa part, la victime n’a pas encore été identifiée.

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