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El Hafi : « Notre point faible c’est la formation continue »

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ALM : L’école primaire publique a-t-elle de l’avenir face à la prolifération des écoles privées ?
Nacer Eddine El Hafi : L’investissement alloué aux écoles primaires représente les 2/3 du budget du ministère de l’Education nationale consacré aux constructions. Le Maroc a décidé de généraliser la scolarisation et partant il a rapproché au maximum l’école des écoliers. A Casablanca, le taux de couverture a été de 96% cette année, et il passera à 97% au cours de l’année scolaire 2004-2005. Au niveau de l’Académie de Casablanca, nous construisons essentiellement dans le monde rural. Dans le centre-ville, en revanche, nous transformons même des écoles primaires en collèges ou lycées.
Si leur nombre est suffisant, leurs équipements laissent à désirer.
Je peux vous assurer, et vous pouvez le vérifier de visu, que les équipements existent bel et bien. Chaque année, nous dépensons à Casablanca des millions de DH pour le renouvellement du matériel et l’achat de nouveaux équipements. Mais parfois, ils sont sous-utilisés ou même pas du tout.
Où est le problème, alors ?
Je pense, sincèrement, qu’il va falloir fournir davantage d’efforts en matière de formation continue. Nous avons des enseignants, des inspecteurs et des directeurs très bien formés. Mais ils ne bénéficient jamais d’une formation continue. Je pense que c’est notre principal point faible. Nous avons lancé un programme au profit des directeurs. Il sera généralisé au corps enseignant.
Pourquoi y a-t-il un décalage entre les établissements privés et publics sur la date de la rentrée scolaire ?
Je tiens à préciser que la date de la rentrée scolaire est fixée, annuellement, par le ministre de l’Education nationale. Comme vous le savez, cette année connaît le recensement général.
Exceptionnellement, la rentrée a été retardée au 16 septembre car des dizaines de milliers d’enseignants et d’instituteurs participent à ce recensement. A Casablanca, ils sont au nombre de 6.000. Quant aux établissements privés, ils ont l’habitude de débuter un peu plus tôt. D’ailleurs, légalement, ils en ont tout à fait le droit.
Et pour ce qui est des contenus des programmes ?
Toujours d’un point de vue légal, les textes qui régissent l’enseignement privé stipulent que ce qui est prévu dans les programmes de l’enseignement public constitue un minimum à respecter par les établissements privés. En clair, ces derniers peuvent placer la barre plus haut. Mais en tout cas, les examens de fin de cycle sont identiques pour tous. Dans les écoles primaires, le problème se pose particulièrement pour la langue française. Les enfants qui font leurs deux années préscolaires dans des établissements où le français est enseigné, peuvent être lésés en rejoignant l’école publique. Car dans cette dernière, le français n’est enseigné qu’à partir de la deuxième année. Dans ce cas, l’Académie peut autoriser l’enfant à passer directement à la deuxième année. C’est une option prévue par la Charte et dont ont bénéficié à Casablanca 5.000 élèves durant l’année scolaire 2003-2004.
De sérieuses critiques ont été formulées à l’égard du manuel scolaire. Qu’en est-il de sa qualité ?
Sur le volet qualitatif, je vous dirais uniquement que le manuel scolaire marocain est considéré comme l’un des meilleurs, sinon le meilleur dans le monde arabe et comparativement aux pays en voie de développement. Ce n’est pas un simple jugement de ma part, c’est un rapport de la Banque Mondiale qui le dit.
Qu’en est-il alors du choix des manuels pour tel ou tel établissement ?
Effectivement, il y a trois ans, l’enseignement marocain fonctionnait avec le manuel unique pour chaque niveau. Ce système a évidemment ses avantages. En tout cas, la Charte de l’Education et la Formation, a instauré le régime de la pluralité et de la concurrence. En clair, le conseil de gestion de chaque établissement scolaire, composé d’enseignants, d’inspecteurs, de directeurs, de représentants des parents d’élèves et des élus, choisissent le manuel qui leur convient pour telle ou telle matière.
Quant à la mise à jour des programmes, une commission spéciale composée d’éminents experts marocains et étrangers se penchera annuellement sur les programmes scolaires pour veiller à leur adéquation à l’avancée technologique, scientifique, …
Le rythme de l’enseignement amazigh sera accru. Qu’en est-il réellement ?
En effet, nous passerons maintenant à la deuxième année du cycle primaire. Le nombre de classes où l’Amazigh est enseigné sera triplé. A Casablanca, on atteindra les 3.000 classes. Nous avons déjà choisi les inspecteurs et les instituteurs qui animeront ces classes. Des cours de formation seront assurés au niveau de l’Académie et ce en partenariat avec l’Institut royal de la culture amazighe.
Nous avons également déjà acheté les manuels dans les trois langues, Tachelhit, Tamazight et Tarifit.

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