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Éditorial : Surenchère

Le septième congrès de l’USFP prévu dans quelques mois risque d’être un non-événement politique s’il ne s’attache pas à poser les vrais problèmes. Ceux qui engagent réellement son avenir en tant que principale formation de gauche : c’est quoi être socialiste, aujourd’hui, après être passé d’une stratégie d’opposition à la culture de gouvernement , quel est le projet dont il est porteur à la lumière des changements intervenus au Maroc depuis quelques années ? En un mot, les dirigeants de l’USFP sont invités à procéder à une auto-critique profonde et à s’inventer une nouvelle identité en phase avec les mutations actuelles en se débarrassant des réflexes du passé.
Réinventer l’avenir socialiste passe nécessairement par un débat franc, clair et fatalement douloureux autour de ces questions-là. Car le parti de Mohamed El Yazghi, donnant les signes d’un malaise patent qui s’est accentué depuis le départ de Abderrahmane Youssoufi , a besoin de savoir où il habite idéologiquement et politiquement ne serait-ce que face à un PJD conquérant qui gagne chaque jour en audience dans un terrain rongé par l’exclusion et la pauvreté. Et puis, la lutte pour le respect des droits de l’homme et l’avènement des libertés et de la démocratie pour lesquels l’USFP a payé un lourd tribut n’est plus aussi impérieuse que par le passé. Le Maroc nouveau, qui est en train de faire beaucoup de chemin sur ces plans, se recentre désormais sur d’autres priorités en termes de progrès social, de partage des richesses, de résorption du chômage et de solidarité communautaire. Où en est l’USFP par rapport à ces défis ? Est-il porteur d’un programme clair et chiffré dans ce domaine ?
Or, le Premier secrétaire du parti compte mobiliser le congrès pour traiter de choses extra-socialistes, en relation avec la révision de la Constitution dans son aspect lié à la fonction du Premier ministre et aux rapports de cette dernière avec le pouvoir monarchique. C’est le fameux carton rouge brandi sous l’époque de Feu Hassan II pour des raisons politiciennes. En agitant aujourd’hui cette muleta, l’USFP d’El Yazghi rejoint l’attitude d’un groupement politique marginal et extra-parlementaire qui verse ces derniers temps dans la surenchère constitutionnelle pour se donner une existence sur la scène.
Une telle démarche représente évidemment le meilleur moyen d’évacuer les vrais problèmes pour se fourvoyer dans de faux-débats qui n’apporteront rien au parti et à son évolution.
Certes, il est plus facile et moins risqué de gloser sur l’article 19 et les prérogatives du Premier ministre que de prendre le temps de réfléchir sur la crise identitaire du parti. Mais force est de reconnaître qu’il n’est pas certain qu’une refonte de la Constitution débouche sur une réorganisation du champ politique et une efficacité dans l’action du chef du gouvernement. Efficacité tributaire surtout de la personnalité du titulaire du poste et de la qualité des hommes qui composent son équipe. Ce sont ces conditions essentielles qui déterminent la réussite d’un gouvernement.
Au fait, quelles sont les dernières recrues de l’USFP ? Où en est le processus de rajeunissement des cadres ? Le parti dans son état actuel est-il attrayant pour les jeunes compétences ? La démocratie interne y est-elle de rigueur ? Sauf à vouloir pratiquer la politique de l’autruche, les assises de l’USFP ont obligation d’être celles du vrai renouveau.

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