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Une doctrine rétrograde

Peut-il y avoir au Maroc une organisation salfiste, plus ancrée dans la société et mieux outillée pour faire passer son message que le Parti de l’Istiqlal ? Le zaim feu Allal El Fassi, fondateur et président pendant des décennies du parti, n’était-il pas un théoricien du salaire, reconnu de par le monde islamique ? Une autre sommité du salaire, cheikh Mohamed Belarbi Alaoui, était istiqlalien… En clair, sur ce registre, l’Istiqlal est de loin le mieux placé. D’autant plus qu’il n’a jamais prôné la violence, une doctrine salaire bien reconnue comme tel. Le salafisme n’étant qu’une volonté commune de restaurer l’Islam pur des origines (des «salaf» pour retrouver la foi des prédécesseurs).
En réalité le salafisme a pour idéologie le dépassement des quatre écoles traditionnelles du droit musulman (hanafite, malékite, chaféite et hanbalite) pour se conformer à la source première du Coran et de la Sunna. Le maître à penser des salifistes est Ibn Taymiyyah, un fondamentaliste du 13 ème siècle célèbre pour son interprétation littérale du Coran. La prédication salafiste repose sur quatre piliers: le monothéisme absolu, l’adhésion étroite au modèle transmis par les deux sources indiscutables de l’Islam, le Coran et la sunna, l’unicité parfaite de Dieu, l’obligation d’intégrité et de droiture, le rejet de la corruption et de l’hypocrisie et enfin la purification constante de l’âme par la conformité stricte à la loi divine. D’une manière générale, cette obligation de pureté impose un double jihad cautionné par les docteurs de la foi. L’individu doit pratiquer le jihad contre ses propres passions par un mode de vie strict à la limite de l’ascèse et le jihad contre toutes les formes de vie impie.
Les salafistes qui prônent la violence ne sont pas légion puisque la plupart se contentent de mener leur vie personnelle en conformité avec celle des ancêtres. Ceci étant, la transformation de la doctrine salafistes en mode de combat et en idéologie rigoriste et rétrograde trouve son summum en la doctrine wahabite adoptée en Arabie saoudite. C’est de là qu’un certain Ben Laden a démarré sa cabale.
Au Maroc, la famille El Kettani se distingue largement par son discours salafiste. Idriss El Kettani le premier signataire de la fetwa d’après le 11 septembre, et celui qui semble l’avoir inspirée fait partie d’une longue lignée d’oulémas dont le commerce politique a été plus ou moins heureux. La famille Kettani a même fondé une Zaouia originellement installée à Fès puis délocalisée à Salé après l’indépendance. Professeur à la faculté des lettres de Rabat, jusqu’à sa mise à la retraite tardive, il a toujours appelé et pris part aux différentes réformes du système éducatif dans le sens du tout-islamiste.

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