Chroniques

100% Jamal Berraoui : Papa, c’est quoi la loi ?

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Deux personnages, investis d’une responsabilité, ce qui ne veut pas dire qu’ils sont responsables, ont mis en évidence le principal problème du Maroc : nous ne sommes pas un Etat de droit.
Hassan Benaddi, secrétaire général du PAM, dit textuellement : «les lois sont le produit d’un rapport de forces donné, je fais de la politique et j’anticipe les changements de rapport de forces». En clair, le Benaddi en question, déclare aux Marocains, que soutenu par Fouad Ali El Himma, il n’a que faire de la loi sur les partis.
Madame Dounia Taârji, directrice du CDVM, a publié un communiqué pour dire que les ventes à découvert sont illégales. Je ne vais pas empoisonner votre week-end par les techniques de Bourse. Mais, cette dame a des preuves que des opérateurs en Bourse, pas le quidam de base, ont fait des opérations de vente à découvert. Le gendarme qu’elle est, aurait dû sévir, appliquer la loi. Madame préfère rappeler l’existence de la loi. Elle ne mérite pas son salaire. Dans ce milieu de copains et de coquins, où les gens mettent un point d’honneur à tenir un Kibezki aussi à jour que la table des cours, on livre une série d’explications, qui ne justifient rien.
Le PAM et ses alliances sont dans l’illégalité la plus absolue, selon les meilleurs juristes de ce pays. Son secrétaire général annonce qu’il s’en moque et que la loi est faite pour être violée quand elle ne vous arrange pas. Le CDVM, au lieu de sanctionner ceux qui ont empoché des milliards en profitant de la panique, rappelle que des lois existent, et tout le monde laisse passer. Salaheddine Mezouar, qui est en train de devenir un bon client de votre serviteur, aurait dû démettre Madame Taârji dans le quart d’heure qui suit son communiqué. D’autant plus qu’il sait très bien ce qu’il y a derrière, et qu’il a accès au Kibezki actualisé de la Bourse. Il ne l’a pas fait, parce que lui, non plus n’a pas les réflexes imposés par un réel Etat de droit.
Hassan Benaddi lui, à l’image du PAM (qui n’a rien à voir avec le Programme alimentaire mondial selon ses chefs), qui puise dans des référentiels antagoniques. Sa position sur la loi est maoïste, ses insultes aux Ittihadis, «parti de Benbella», sont barbouzardes.
Si la loi sur les partis, et donc les institutions électives, sur la Bourse et donc le jeu économique sont à ce point  piétinés, pourquoi voulez-vous que le Marocain respecte le feu rouge ?
Il nous faut réellement revisiter notre rapport à la loi. Il ne sert à rien de faire des éditoriaux pour saluer une nouvelle législation, le code de la famille par exemple, quand on sait que son application n’est pas la même pour tous.
La modernité, un terme tellement galvaudé, qu’il faut en chercher un autre, commence par l’égalité de tous devant une loi universelle. Le cas Yaâcoubi est peaunuts devant le PAM et le problème dépasse quelques abus.
Le drame, c’est que l’Etat et ses démembrements nous renvoient chaque jour un discours complaisant du genre, «ce que vous faites est interdit», au lieu d’appliquer la loi dans toute sa rigueur jusqu’au jour où il est poursuivi parce que quelqu’un lui en veut. Il crie à l’injustice et il trouve des soutiens. La majorité de nos communes sont dirigées par des brigands, quand l’un d’entre eux tombe, il crie au complot. Ces pratiques de justice sélective sont l’expression d’un Etat de non-droit. Après, on peut bien sûr ergoter sur ces Marocains, incultes, rebelles à toute organisation sociale. En vérité je vous dis, je suis très pessimiste sur l’issue de tout ce bazar, je vois le mur arriver à toute allure et je n’ai que mon stylo pour avertir le chauffeur.

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