Miriam Makeba est morte. Une grande perte. Barack Obama est élu président des Etats-Unis d’Amérique. Un énorme évènement. Les amateurs d’armes à feu ont pillé les armureries dans la perspective de cette victoire. Les liens entre ces évènements ne sont pas forcément distants. L’avenir de la planète est marron. Peut-être. Ou rouge-sang. Plus les frontières — réelles ou imaginaires — entre les peuples, les cultures, les religions s’estomperont, plus la haine risque de reculer. Un espoir. Obama est porteur d’une espèce de syncrétisme qui fait que, pour le moment, le monde entier se projette en lui. Chacun trouve en lui une résonance à sa propre vie, à sa propre différence, à sa propre altérité, à sa propre identité. Un président-monde. Tel que ce monde existe aujourd’hui. Mondialisé, dispersé, globalisé, perdu, sans références absolues, sans centre, sans valeurs immédiatement identifiables. Obama devient l’expression d’une identité multiple et contradictoire — une interculturalité — qui veut, au-delà des pesanteurs, promouvoir une nouvelle humanité. Personne ne savait que la destruction des Twin Towers de New York portait, déjà, en elle, après les drames, les bruits, les guerres et les fureurs, l’avènement d’un espoir de fraternité inédite. On ne pourra pas faire revivre Miriam Makeba. Mais on peut faire vivre, éternellement, la tendresse qu’elle portait en elle comme croix.