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Un juge espagnol expulse une avocate marocaine pour port du voile

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L’avocate espagnole d’origine marocaine, Zoubida Barik Edidi, a porté plainte  auprès du Conseil général du pouvoir judiciaire espagnol après avoir été expulsée de la salle d’audience d’un procès auquel elle assistait, parcequ’elle portait le voile, a rapporté, mercredi 11 novembre, le journal «El Pais». Elle n’arrive pas à comprendre pourquoi le voile est incompatible avec le respect de la salle d’audience, a indiqué le quotidien espagnol. Mme Barik Edidi, 39 ans, était assise dans une salle de l’Audience nationale à Madrid, le 29 octobre, pour assister à un procès lié au terrorisme islamiste, lorsque le juge Javier Gómez Bermúdez l’a obligée à quitter la salle. «La tenue des avocats au tribunal est régie par le statut général du Barreau, datant de 2001, qui spécifie uniquement que les avocats sont tenus de porter leur robe et d’adapter leur tenue à la dignité et au prestige de la robe qu’ils portent et au respect de la justice», a-t-elle indiqué.
Et de poursuivre que «le respect dû à la justice n’interdit pas de se couvrir les cheveux». Dans sa plainte auprès du service d’inspection du Conseil général du pouvoir judiciaire «CGPJ» , elle a souligné que ces faits constituent «un abus très grave de l’autorité et de la discrimination». «Je veux savoir si cela peut se produire à nouveau dans un autre tribunal et si je peux toujours pratiquer ma profession. Je veux juste qu’on clarifie les choses et qu’on me donne une réponse claire», a demandé l’avocate à l’Association du barreau de Madrid. Titulaire d’un diplôme de l’université Mohammed V de Rabat, Zoubida Barik Edidi est avocate au barreau de Madrid depuis février 2009. Elle a déjà pu assister voilée à une dizaine de procès en Espagne sans qu’on ne lui demande d’enlever son voile.
Selon son récit à «El Pais», lorsque le juge l’a vue, il lui a dit : «Madame, vous ne pouvez pas être ici». Lorsqu’elle lui a demandé pourquoi, il a répondu que les avocats ne doivent pas se présenter la tête couverte d’un voile. «Le règlement exige que la seule obligation est le port de la robe», a-t-elle répliqué, après quoi le juge a répondu qu’il s’agissait de sa salle d’audience et de son propre critère. Quand elle est partie, selon l’un des avocats, Gómez Bermúdez a déclaré qu’il s’agissait d’une décision personnelle, a ajouté le quotidien espagnol. De son côté, le juge Gómez Bermúdez a refusé, à travers son secrétariat général, de faire une déclaration sur cette affaire. Les faits ont été confirmés par trois avocats qui étaient présents dans la salle d’audience et qui ont été surpris par l’attitude du juge. L’Association des Preeminencia des droits a également déposé une plainte devant les tribunaux, tandis que l’Association européenne des juristes démocrates étudient cette affaire, a indiqué la même source. Le juge Bermúdez n’est pas à sa première polémique. En septembre dernier, il avait déjà exclu d’un procès une femme témoin qui portait la burqa, au motif qu’on ne pouvait voir son visage. Il avait finalement conclu un accord avec cette femme pour qu’elle soulève son voile pendant son témoignage en tournant le dos au public et aux caméras. En Espagne, le gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero est opposé à une réglementation du port du voile, notamment dans les écoles, une mesure susceptible de générer des tensions avec la communauté musulmane.

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