Chroniques

De toutes les couleurs : lien entre art et liberté

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Si vous demandez aux gens s’il y a un lien entre l’art et la liberté, ils vont probablement tous répondre «Oui, bien sûr !». Nous avons l’habitude de répéter que l’art est liberté, sans vraiment y réfléchir sérieusement, ou plutôt pour être plus exact, sans vraiment lire ce qui se dit et ce qui se philosophe à ce sujet. Les interprétations de la relation entre l’art et la liberté sont nombreuses et dépendent des cultures, des philosophies et des époques. A ma connaissance, ce lien qui semble incontestable entre l’art et la liberté, n’est jamais mentionné de manière claire, explicite et significative dans certaines des plus grandes théories sur l’art. C’est le cas, par exemple, de l’esthétique analytique adoptée généralement par les pays anglophones, ou de la théorie critique de l’art. Ces théories parlent d’une abstraction appelée «réalité» qui reste assez vague pour moi. Elles parlent de représentation du «monde», de la «vie», de «l’expérience humaine» et du «monde qui nous entoure» sans vraiment parler de liberté. Je pense comme d’autres gens, que la liberté artistique est, en fait, une sorte de revanche sur notre existence éphémère et insignifiante. Dans notre petitesse en tant qu’êtres humains négligeables à l’échelle universelle, nous aimons prendre la liberté de décider ce qui est important et ce qui ne l’est pas. Transformer la réalité à notre façon. Dans la vie de tous les jours, personne n’est vraiment libre. Nous sommes tous des esclaves de la richesse, de la loi, du confort ou d’autres gens qui nous empêchent de faire ce que nous aimerions faire. L’art c’est partir consciemment en aventure. C’est se donner librement le droit d’explorer, de jouer, d’errer ou même à l’opposé, se donner le droit à l’immobilité, à l’inertie ou à la solitude. Au risque d’être différent car, quand on perd le droit d’être différent, on perd le privilège d’être libre. Chacun de nous est prisonnier de sa propre réalité et seul l’art peut nous en sortir ou nous permettre d’en «parler». Mais la liberté c’est aussi du travail, de l’effort, de la critique et de l’auto-remise en question. L’artiste, puisant dans la liberté qui lui est octroyée par l’art, peut rendre importantes des choses qui ne le sont pas, et inversement. Tout l’art est finalement une réponse individuelle à une réalité métaphysique. C’est-à-dire à l’émotion que ressent l’homme face à la vie. Bien sûr, il s’agit là d’opinions personnelles, simplifiées, et non pas de vérités universelles. Certains parmi vous resteront sur leur faim car il y a beaucoup à dire sur ce sujet, mais pour finir, rien de mieux que cette phrase de Gustave Courbet (1819-1877) «Quand je serai mort, il faudra qu’on dise de moi : celui-là n’a jamais appartenu à aucune école, à aucune église, à aucune institution, à aucune académie, surtout à aucun régime si ce n’est le régime de la liberté.»

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