Farida Shaheed, première rapporteuse pour les mandats thématiques des procédures spéciales établis par le conseil des droits de l’Homme depuis la création de la procédure en 2009, a fait de sa tournée au Maroc une appréciation mi-figue, mi-raisin lors d’une conférence de presse donnée vendredi dernier au centre des Nations Unies à Rabat. Se déclarant globalement satisfaite de la pratique de la plupart des droits culturels au Maroc, elle s’est aussi dite préoccupée par certaines anomalies relevées sur le plan de l’état civil et de manifestations patrimoniales régionales. Dans le tableau positif de son compte-rendu sur les droits culturels au Maroc, au terme d’une visite au Maroc du 5 au 16 septembre 2011, l’experte indépendante des Nations Unies «a loué le travail remarquable que le Maroc a effectué lors de cette dernière décennie en matière de respect et de promotion des droits humains». Cet effort lui semble en effet aller dans le sens de la participation du plus grand nombre à la vie culturelle, de la promotion de l’entente culturelle et de la facilitation de l’accès à la culture par le biais de l’éducation et des médias. Farida Shaheed s’est notamment félicitée de ce que la nouvelle Constitution ait renforcé la protection des droits humains, en particulier ceux des populations les plus vulnérables. Elle a également rendu hommage à l’action du Maroc en faveur de la diversité culturelle et l’officialisation de la langue amazighe. Elle a salué à cet égard la création d’un musée du judaïsme marocain susceptible, selon elle, de servir de modèle à la diversification culturelle et à la tolérance. Cependant, l’experte onusienne pour les faits de culture appelle à l’élaboration d’un plan d’action nationale sur le long terme avec «des objectifs, des benchmarks et des indicateurs à même d’évaluer le progrès et d’orienter les priorités et les actions de l’Etat». Farida Shaheed demande en appui de cette préoccupation des investissements plus importants en planification stratégique et en suivi. Et, bien qu’elle se soit félicitée de la part acquise par l’amazigh dans le domaine culturel, elle invite le gouvernement à remédier au manque de communication enregistré sur ce plan, à l’école plus particulièrement. En outre, et en dépit des progrès réalisés en matière de scolarisation et de lutte contre la déperdition, l’experte onusienne s’est dit préoccupé par l’abandon scolaire des filles. Face à cette situation, sa conviction est que la société civile devrait aider à y remédier. Elle a en outre suggéré une plus grande accessibilité aux espaces culturels et aux centres de jeunes en faveur des personnes à besoins spécifiques. Farida Shaheed qui n’a pas exclu l’éventualité d’un second voyage au Maroc a annoncé la présentation d’une copie de son rapport aux autorités marocaines dans les mois qui suivent après son examen par le Conseil des droits de l’Homme.
Ahmed Salaheddine