Automobile

Reportage : «Feel it» : Une journée dans la peau d’un pilote de Formule 1

© D.R

Double Champion du monde en Formule 1 (2005 et 2006), Renault se devait de capitaliser sur ses deux jolies couronnes. Sur le plan commercial, cela se traduit par quelques actions ciblées, tel que le lancement de la série limitée de la Mégane «Renault F1 Team». Mais sur le plan de la communication, il n’y avait nul meilleur moyen que d’inviter quelques journalistes –privilégiés– pour vivre une journée dans l’esprit et le corps d’un Fisichella ou d’un Kovalaïnen. Des pilotes du plus noble des sports automobiles, dans de vraies monoplaces de F1. C’est le programme «Feel it», initié par Renault en étroite collaboration avec son écurie de Formule 1 et qui correspond à une journée des plus denses sur le circuit Paul Ricard, à moins d’une heure de Marseille. Au menu : beaucoup de théorie, un peu de travail sur le physique, puis une première entrée en la matière au volant de Formule Renault 2.0 de 185 chevaux, suivie d’un débriefing, puis couronnée en fin de journée par la conduite d’une F1.
Mais avant tout cela, ce programme commence par l’arrivée, la veille, à l’hôtel Le Castelet. Une luxueuse propriété touristique du patron de la Formule One Management (FOM), Bernie Ecclestone. Pour ceux qui ne le savent pas encore, celui que l’on surnomme –non innocemment– le grand argentier de la F1 possède non seulement cet hôtel, mais aussi le circuit et l’aérodrome y attenant. (Petite parenthèse, le hasard du calendrier veut que cette journée du 16 juillet 2007 tombe, jour pour jour, 30 ans après l’engagement de Renault en F1 pour la première fois de son histoire).
Mardi 17 juillet, 7h25. C’est sur le parvis de l’hôtel que tous les participants à ce programme se réunissent, accueillis par deux charmantes hôtesses dudit programme : direction le circuit Paul Ricard HTTT (High Tech Test Track). Bref, des initiales pour dire combien ce circuit répond autant aux normes de la FIA (Fédération Internationale de l’Automobile) qu’aux attentes des écuries qui y effectuent leurs essais.

Panoplie et briefings pour le pilote
Moins d’un quart d’heure plus tard (le circuit étant à 5 minutes de l’hôtel), nous sommes déjà dans les vestiaires en train d’enfiler combinaison, tee-shirt et chaussures de sport. Le tout, aux couleurs du Renault F1 Team bien sûr. Une panoplie qui comprend également un casque, une cagoule et des gants. Des accessoires que nous ne tarderons pas à utiliser.
Première étape, un briefing préliminaire. On nous informe que le circuit est truffé de caméras vidéo et qu’en cas de problème, il suffira de lever les bras pour voir arriver la safety-car. Mais surtout, ce premier briefing est l’occasion pour l’instructeur en chef d’insister sur la sécurité. «Sur un circuit, il n’y a pas de règle négociable», dit-il. Puis d’ajouter : «si vous voulez prendre le volant d’une F1, vous allez devoir d’abord faire preuve de dextérité à bord d’une Formule Renault 2.0». Cette dernière se conduit presque comme une F1, exception faite de son volant simplifié et du passage des vitesses qui se fait par un levier, mais également par mode séquentiel. Bien entendu, une F1 est beaucoup plus puissante. On nous apprend aussi la signification des différents feux : rouge, ralentir au maximum et rentrer immédiatement au stand ; jaune, ne pas accélérer et être prêt à s’arrêter puisqu’il y a un problème sur le circuit; vert, le circuit est à nouveau libre et dégagé.
Tout cela n’aura duré que 5 minute et nous voilà prêts à partir sur une Formule Renault 2.0. Prêts d’accord, mais pas si vite. On nous emmène pour une séance de physiothérapie. Qu’est-ce que donc ? De la préparation physique. Massages, décontraction musculaire, légères pressions sur les vertèbres… Décidément, les pilotes de F1 sont chouchoutés entre les épreuves. Mais à ce même stade, les physiothérapeutes nous simulent également l’intensité de la force G ressentie dans les différentes phases (accélérations, freinages, passages en courbe). Là encore, on nous fait savoir que dans les situations extrêmes, un pilote peut subir jusqu’à 4 fois le poids de son corps !
«Assez d’explications et de théories !» se disent les plus impatients comme moi, passons au volant de la Formule Renault. Celle-ci est propulsée par le 2.0 litres de la Clio RS. Un moteur qui développe 185 chevaux… mais sur une barquette de 450 kg ! Avec un tel rapport poids/puissance, il y a bel et bien matière à jouer.

La Formule Renault 2.0 pour commencer
Nous effectuons d’abord un premier tour de reconnaissance, éclairés par une Mégane RS. A noter que, pour les besoins du programme «Feel it», le circuit a été raccourci à 3,8 km. Ensuite, retour au stand, puis débriefing en compagnie des ingénieurs de la télémétrie. Ces derniers, grâce au génie de l’informatique embarquée, calculent tous les mouvements exercés par et sur la monoplace. Mais pour nous autres, on se limitera à analyser la vitesse, le régime moteur, les niveaux d’accélération et l’intensité du freinage. Les rapports de télémétrie sont là, imprimés et remis à chacun de nous. Ceux qui ne freinent pas assez se font gentiment rappelés à l’ordre.
Puis, c’est une seconde phase de conduite. Plus longue cette fois. Et plus intense. On passe les vitesses comme un pro et on se laisse tenter par quelques accélérations avant la sortie d’un virage. Ça y est le plaisir est là : sur la ligne droite du circuit, on passe la sixième et on flirte avec les 200 km/h. Ce n’est pas beaucoup, mais c’est un bon début. Mais très vite on commence à ressentir les contraintes du pilotage. On est allongé presque comme dans un cercueil, le casque et la cagoule bloquent le visage, alors que la température au sol avoisine les 30 °C en ce début de matinée. Puis surtout, les fameuses forces G dont on nous parlait, sont un supplice des plus éprouvants. La suite, vous la devinez : séance de débriefing (encore ?). Après quoi, vient un joli moment de fortes sensations. Très fortes même. Et pour cause, cette fois, ce ne sont pas les «stagiaires» qui prennent le volant, mais bien des pilotes d’essai du Renault F1 Team. D’abord sur une puissante Renault Mégane RS, ensuite sur des biplaces de la Formule Renault. Un seul mot en sortant à chaque fois du véhicule : «ce sont de vrais psychopathes ces pilotes!».
Heureusement que cette (folle) session a été programmée juste avant le repas se disent la plupart, l’estomac retourné en sens dessus-dessous. Le repas est plus un moment de détente qu’une occasion de «se goinfrer». Quelques salades, un peu de viande et de l’eau plate suffiront à combler ma panse. Normal, le stress est là, avec au bout du compte la conduite de la F1. Mais avant, on nous emmène faire une petite séance de «Batak». Il s’agit d’un jeu de réflexe où le pilote doit éteindre un maximum de fois l’un des neuf voyants qui s’allume successivement en moins d’une minute. Objectif: développer le réflexe et le champ de vision du pilote.
La patience n’a que trop duré. Mais lorsqu’on nous emmène pour le dernier briefing, le volant de la F1 commence à se concrétiser entre nos mains. Une fois de plus, l’instructeur insiste sur la sécurité. «N’hésitez pas à freiner au maximum après la ligne droite», nous dit-on. «Vous allez voir, ce qui est impressionnant sur une F1, c’est son bruit», poursuit l’instructeur. Puis d’ajouter «il faut savoir, qu’au ralenti, une F1 tourne déjà à 6.000 tours/minute ; or, tel est le régime maxi d’une Formule Renault 2.0» ! Pour les plus néophytes du groupe, les mots sont lâchés et il n’est plus exagéré de considérer cette monoplace comme une fusée de route.
Point d’orgue de ce briefing, le démarrage d’une monoplace de F1. Un savant dosage entre la pression sur l’accélérateur (6 à 8%) comme cela s’affiche sur l’écran du volant, et simultanément un relâchement extrêmement progressif de l’embrayage (qui ne sert d’ailleurs que pour s’élancer). «Extrêmement», car très vite, le moteur cale sur la pit-lane et il faut tout recommencer à zéro. «Mais comment font-ils (les pilotes) au Grand Prix?», s’interroge-t-on…
Le moment tant attendu
Il est un peu plus de 16 h, les premières sessions commencent. Peu avant 17h, vient le tour de votre humble serviteur. Ça y est, le grand moment est arrivé. C’est l’instant t 0 comme on dit en math, celui où je prend place à bord de la monoplace. Je suis enfin au volant d’une F1 prête à s’élancer. Encore faut-il ne pas caler, ce qui est le plus dur comme on nous l’a déjà expliqué. Mais, coup d’essai, coup de maître ! Me voilà parti (en deuxième vitesse). Troisième, quatrième, puis cinquième. C’est déjà le grand bonheur. Le boucan du V8 juste derrière, les vibrations comme celle d’une chaise électrique, l’adrénaline à son plus haut niveau… que de sensations indescriptibles !
Mais revenons au circuit : premier virage, on a juste le temps de rétrograder. Le décor s’enchaîne à une célérité… Une chicane, puis on remet les gaz. Allé, troisième, quatrième… Puis les deux derniers virages avant la ligne droite. Et quand vient celle-ci, c’est carrément l’euphorie : la sixième est passée ! Soudain, c’est déjà le premier virage. Freinage à fond, trop tard. Heureusement que le circuit est virtuellement délimité par des cônes et qu’il y a encore de l’asphalte. Mon rêve ne s’achèvera finalement pas à l’extérieur du circuit, puisque je réussis la double «prouesse» de ne pas caler, puis de revenir à l’intérieur du tracé pour finir mes deux tours. Plus tard, mon rapport de télémétrie révèlera (noir sur blanc) que j’ai atteint une vitesse maxi de 260 km/ sur cette ligne droite. Pas mal, même si un tel engin atteint facilement les 300 km/h et plus même. De retour au stand, j’ai envie d’enlever le plus vite possible mon casque pour exploser d’exultation. «J’ai conduit une F1», c’est ce que je me dit au moment où l’on est tous réunis le temps d’une photo souvenir. Reste une constatation : lorsqu’on y réfléchit un peu plus longuement, on en vient à conclure que ce qu’a réalisé l’écurie Renault en 2005 et 2006 est tout simplement un exploit !

DNES au Castelet (France)

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