Chroniques

Carossas : Interdiction sans solution n’est pas raison !

Nous allons supprimer un moyen de subsistance (causeur de nuisances il est vrai) et laisser ainsi des centaines de nos compatriotes sans outil de travail et sans aucune alternative.

Le Conseil de la ville de Casablanca a décidé d’interdire les «carossas» tirées par des animaux dans les rues de la ville et l’on imagine que cette décision sera approuvée par une grande majorité d’élus et d’habitants.
Il est clair que ces carossas sont source de beaucoup de désagréments au niveau de la circulation, pour autant l’interdiction est-elle la solution ?
A titre personnel je ne le pense pas.
Il ne s’agit pas de tomber dans la démagogie et le populisme mais ces charrettes servent avant tout aux marchands ambulants, au ramassage de différentes choses tels le verre, le plastique, les bouteilles vides, au transport de matériaux de construction, etc.
J’ai donc bien peur que l’interdiction sans solution de remplacement soit vouée à l’échec et risque de causer bien plus de dégâts que de bienfaits.
Je m’explique, j’ai vérifié maintes fois sur le terrain que pour qu’une décision soit acceptée par la population il faut absolument que celle-ci se l’approprie , qu’elle le fasse sienne et donc s’engage dans son application.
Or là que voit-on ?
Nous allons supprimer un moyen de subsistance (causeur de nuisances il est vrai) et laisser ainsi des centaines de nos compatriotes sans outil de travail -car c’est bien de cela qu’il s’agit- et sans aucune alternative.
Sans faire dans la surenchère il me semble que cette interdiction doit être anticipée, il est indispensable de prévenir les utilisateurs de ces carossa bien en amont – une campagne de proximité doit être menée pour expliquer – ensuite il est indispensable de trouver des solutions alternatives, il faut questionner ces mêmes utilisateurs qui ont vraisemblablement eux-mêmes des idées, des propositions… plutôt que d’en faire des victimes faisons d’eux des alliés !
S’ils sont impliqués et qu’ils y trouvent leur compte alors ils collaboreront efficacement à la réussite de cette mesure, dans le cas contraire ils s’y opposeront.
Cela s’appelle la concertation, la participation, le partenariat, la proximité !
De plus, toujours selon ma vision d’acteur associatif et mon expérience de terrain, prendre une telle décision de cette façon -sans la jumeler avec d’autres qui auraient le même objectif : le mieux vivre dans la ville-, sera un coup pour rien, voire contreproductif.
Il faut établir un catalogue de mesures nécessaires et le faire connaître à la population par toutes les méthodes de communication :
– Supprimer les carossa, certes, mais alors en même temps
– empêcher vraiment le stationnement des automobiles sur les trottoirs,
– faire respecter l’espace public (combien de terrasses et autres étals de magasins empiètent sur l’espace public en dehors de toute règle),
– faire respecter le code de la route à tous les jeunes livreurs, qui le nez penché sur leur GPS, en oublient toute prudence et toute règle et sont de véritables dangers pour eux et pour tous,
– permettre à nos compatriotes en fauteuils roulants et aux poussettes d’accéder et de circuler sur les trottoirs, etc.
C’est à ce prix que l’interdiction des carossas prendra son sens et s’intégrera à une véritable politique de la circulation.

par Ahmed ghayet

Acteur associatif et culturel

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