Chroniques

C’est la présence de l’autre qui réalise l’existence d’une communication authentique

© D.R

Avec l’avènement des nouvelles technologies de l’information et de la communication, notre monde a complètement changé. L’homme est devenu l’esclave d’une machine qui ne l’oriente nulle part. Les réseaux sociaux, le smartphone, l’Internet… sont à l’origine de la naissance d’un monde moderne, agréable et de tout repos. Mais l’on remarque que l’homme est devenu à court d’un comportement réfléchi et taciturne.

De nos jours, il est impossible de vivre sans réseaux sociaux et smartphone. On a tous grand besoin de nous connecter avec autrui pour être au courant des phénomènes et des évènements qui pourraient bouleverser le monde. En outre, grâce aux réseaux sociaux et à tous les autres moyens de communication modernes, on découvre d’autres horizons qui étaient ténébreux de par le passé. Notre monde devient telle une carte géographique qu’on peut feuilleter sans peine. L’homme est arrivé, grâce à ses découvertes technologiques, dit-on, à maîtriser son univers. On croit que la technologie a radicalement transformé notre vie en donnant naissance à d’autres relations qui participent à la création d’un nouvel Eldorado auquel nous n’avons jamais songé. Aujourd’hui, tout est devenu possible avec la rapidité des services offerts par les nouvelles technologies. On croit dominer le monde et triompher de tous les moyens qui jugulent notre capacité et notre volonté de découvrir les coins et les recoins du monde où nous vivons. Et au fur et à mesure que nous plongeons dans les abysses des bienfaits de ces nouveaux moyens de communication, on croit être capable d’asservir les inconvénients qui contrecarrent tous les moyens de communication dont nous pouvons disposer. Force est de constater que les nouveaux moyens de communication ont des avantages comme l’accès facile aux informations, la vitesse des contacts, la richesse et le caractère agréable de ce genre de communication…

Cependant, les nouvelles technologies de communication recèlent des inconvénients dont le danger est irréversible. Révolu le temps où les familles étaient unies et où la majorité des gens aimait le vivre-ensemble et la lecture car le roman était la source intarissable de l’instruction, de la culture, de la bonne éducation et de la vraie communication. Je me rappelais bien aux années 60 et 70, au collège et au primaire, la lecture des romans et la communication directe étaient la seule préoccupation des élèves et des gens instruits. On lisait même avant de dormir et on mettait le roman sous notre oreiller pour continuer à lire quelques chapitres ou cas où l’insomnie nous gagnerait ou on discutait ensemble de diverses choses qui nous préoccupaient. Et pendant les 10 minutes de la recréation au collège ou au lycée, nombreux étaient les élèves qui ouvraient leur roman pour tenter de finir la lecture d’une histoire ou d’une aventure qui les passionnait. Souvent, on communiquait entre nous pour comprendre des leçons comme la littérature, la philosophie, les mathématiques… Rares étaient les familles qui avaient un poste de télévision. Tous les membres d’une même famille se réunissaient dans une chambre pour parler de tout ce qui les préoccupait. Souvent, tout le monde dormait dans une même chambre et on se levait de bonne heure. En outre, les familles se rendaient visite et communiquaient entre elles quand le temps le permettait.

Avec l’avènement des nouvelles technologies de l’information et de la communication, notre monde a complètement changé. L’homme est devenu l’esclave d’une machine qui ne l’oriente nulle part. Les réseaux sociaux, le smartphone, l’Internet… sont à l’origine de la naissance d’un monde moderne, agréable et de tout repos. Mais l’on remarque que l’homme est devenu à court d’un comportement réfléchi. On exécute les ordres de ces nouvelles technologies qui sont capables de faire tout à notre place et on se croit dominer le monde grâce à leurs manières de mettre la communication à notre disposition. «Le téléphone, dit Bernard Arcand, est un outil qui nuit beaucoup à la communication. Grâce au téléphone, on a de moins en moins besoin de se parler». Cette citation met l’accent sur la nuisance de la communication. Mais dans quelle mesure le smartphone, qui est l’un des outils modernes de la communication, peut-il être à l’origine de la dégradation de la communication? Qu’est-ce que d’abord la définition de la communication ? C’est le fait d’établir une relation avec une autre personne ou un groupe de personnes en leur transmettant un message.
L’émetteur (celui qui envoie le message) peut donc communiquer avec un ou plusieurs récepteurs (celui qui reçoit le message). Selon Bernard Arcand, le mystère de cette nuisance réside dans «on a de moins en moins besoin de parler».
Quelle est donc la différence entre parler et communiquer ? On peut parler pour ne rien dire et sans aucune intention de communication, mais communiquer c’est chercher à entrer en communication avec une personne ou un groupe de personnes. Les nouvelles technologies embrouillent donc notre vraie communication en remettant en question la sincérité de nos propos. Lorsqu’on communique avec une personne par Internet ou par téléphone, il nous est difficile, voire impossible, de déceler le mensonge ou la sincérité du récepteur ou de l’émetteur. Par contre, lorsque la personne en question est devant vous, l’on peut mettre l’accent sur l’expression du visage, sur le comportement, les gestes… Et c’est là que résident les vrais ingrédients d’une communication authentique. On a grand besoin d’une communication directe, la présence de l’autre est indispensable pour que la communication soit ciblée et directe au lieu de passer par l’intermédiaire d’un moyen de communication moderne. Grâce à ce dernier, on peut joindre facilement une personne, en quelques secondes, située à des milliers de kilomètres.

Mais, de nos jours, on oublie d’adresser la parole à des voisins qui habitent à quelques mètres de nous. La communication, en présence de l’autre, peut être visuelle, gestuelle, mimique… En somme, c’est la présence de l’autre qui réalise l’existence d’une vraie communication. «Le portable n’est pas un bon outil de communication.

La preuve : les gens savaient mieux communiquer lorsqu’il n’existait pas», souligne Sylvie Delapace.

Ainsi, la communication n’est pas seulement ce qu’on dit, c’est un ensemble de composantes intrinsèques et extrinsèques qui exigent que l’autre soit présent pour pouvoir décrypter le message. Et lorsque la communication est interceptée par un moyen de communication moderne, ce dernier porte atteinte à la construction de cette pyramide qui n’est que le désir de communiquer. «On peut passer des heures avec des machines, dit Dominique Wolton, sans être capable d’entretenir des relations humaines et sociales satisfaisantes. Le progrès technique ne suffit pas pour créer un progrès de la communication humaine et sociale».

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