Chroniques

Hors-jeu : Le Désespoir d’une marathoniènne

La carrière de pas mal d’athlètes s’est terminée plus tôt que prévu à cause du phénomène de dopage. Mais jamais auparavant, un athlète ne s’est retrouvé en prison à cause de sa passion avant même qu’il n’entame la compétition.
Soumia, qui rêvait d’un avenir radieux, n’a jamais imaginé qu’elle entrerait en prison au lieu du circuit de la course. Un cas qui interpelle à plus d’un titre.
Cette jeune athlète issue du quartier sidi Moumen voulait participer au Marathon de Marrakech coûte que coûte. Encouragée par des performances au niveau des compétitions locales, elle misait gros sur le rendez-vous de la ville ocre. Seulement, elle ne dispose pas de moyen pour se déplacer à Marrakech la veille de la course, ni de quoi louer une chambre. Ses parents sont très démunis, de même que les membres de sa famille. Aveuglée par cette situation stérile, son imagination n’a pas tardé à dessiner les contours d’une solution qu’elle jugea adéquate. Même à travers un télescope, les aveugles ne voient rien. Soumia se débrouillera pour mettre la main sur les clés de la maison des parents de son amie qu’elle visitait souvent. Etant au courant de l’emploi du temps des propriétaires, la coureuse ne tardera pas à venir sur les lieux à leur insu pour mettre la main sur des bijoux qu’elle comptait vendre pour avoir de quoi réaliser son rêve. Erreur fatale. Les éléments de la police n’ont pas mis beaucoup de temps pour remonter jusqu’à elle et lui mettre le grappin dessus.
La veille du Marathon, au lieu de se retrouver en concentration pour la course, Soumia était au tribunal en train de méditer sur son sort. Loin de justifier son acte, somme toute inacceptable, les choses auraient pu tourner autrement pour la pauvre fille, en rencontrant quelqu’un qui aimerait la soutenir pour réaliser ses ambitions sportives. Des aspirations comme celle de Soumia sont chez beaucoup de jeunes Marocaines et Marocains. Des jeunes prêts à relever le défi et mettre en valeur leurs capacités individuelles et leur talent. Ils se persuadent mieux, pour l’ordinaire, par des raisons qu’ils ont eux-mêmes trouvées, que par celles qui sont venues dans l’esprit des autres. Mais la plupart du temps, ils se retrouvent devant un tas de défis en même temps. D’où l’inévitable déviation. Ce n’est peut-être qu’un cas isolé, mais qui pourrait prouver que l’acte commis par Soumia n’avait pas tenté d’autres dans la même posture ?
Il se trouve assez de personnes qui ont du mérite, du courage et de l’ambition et qui roulent dans leur esprit des pensées générales de s’élever et de rendre leur condition meilleure. Mais il s’en rencontre rarement qui, après les avoir formées, sachent faire le choix des moyens qui sont propres à l’exécution. Même avec la généralisation, la vulgarisation et la décentralisation de l’athlétisme, la FRMA n’est pas en mesure de tout prendre en charge. Le triste sort de Soumia devrait servir de leçon à l’ambition aveugle et inapropriée.

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