Le public national a déserté les gradins. C’est un fait regrettable mais c’est la réalité. On ne peut lui en vouloir pour la simple raison qu’il n’a pas tout à fait tort. Les matchs du GNFI se déroulent misérablement sans spectacle et encore moins de buts, à quelques rares, mais vraiment très rares exceptions. Après quinze journées du championnat, le meilleur butteur n’en est qu’à sa cinquième réalisation. Dans les huit rencontres, onze buts seulement ont été marqués. Les chasseurs de buts ont presque disparu. Un avant-centre digne de ce rôle se fait très rare depuis des années déjà. Cette sécheresse en matière de buts que connaît notre championnat, et les prestations de nos équipes dans différentes compétitions en donne la preuve. Même avec la présence de grands techniciens qui arrivent parfois à scorer, l’absence d’un finisseur, un butteur constamment aux abois, se fait fortement sentir. Nous avons bien eu des stratèges, de bons dribbleurs et des joueurs rapides (Timoumi, Haddaoui, Jamal Jabrane, Labied, Fakhr-eddine, Dehane, Bouderbala, Fathi Jamal, Hababi, Chaouch, Bahja, Bassir, et la liste est longue), mais pas de vrais avant-centres. Depuis Faras (SCCM), Belhiouane (MCO) et Boussati (KAC), notre championnat finit chaque saison sur un maigre apport en buts. Seul Mustapha Bidodane du Raja de Casablanca incarne un peu, de nos jours, un nouveau «spécimen» du genre. Le phénomène n’est d’ailleurs pas spécifique au Maroc, c’est comme s’il s’agissait d’une maladie qui a affecté le football en tant que discipline. Une espèce en voie de disparition? C’est un peu l’impression qui saute à l’esprit. Ceux qui incarnaient parfaitement ce rôle, on en trouvait un peu partout. L’Allemagne, par exemple n’a plus retrouvé un avant-centre de la trempe de Gerd Müller, bien que le rendement soit souvent positif. Les butteurs, de nos jours, sont des techniciens, des dribbleurs, des passeurs de grande classe, mais on rencontre rarement un « sniper » aux aguets. Celui qui a le cadrage des bois dans la tête, à tel point qu’il peut tirer, du pied comme de la tête, et atteindre les buts sans même lever les yeux. Dans les années 1970 et 1980, l’Europe comptait un bon nombre de ces avant-centres, Hans Krankl l’Autrichien, l’Espagnol Carlos Alonso González, plus connu sous le nom de Santillana, le Portugais Roberto Gomez, l’Italien Paulo Rossi et plus récemment le Néerlandais Marco Van Basten. Si en Europe une nouvelle race de butteurs est en pleine effervescence (Tierry Henri, Van Nestlroy, Owen), ce n’est malheureusement pas le cas chez nous. Le talent est bel et bien présent, la technicité aussi, mais pas le sens de « la marque». Certains directeurs techniques avancent que cette qualité fait partie de l’instinct du joueur et ne s’apprend pas pendant les séances d’entraînement. D’autres avancent en revanche que l’on n’incite pas assez les attaquants pour qu’ils se concentrent sur la marque de peur qu’ils deviennent trop individualistes à force de chercher à atteindre les buts adverses. Mais ce qui est sûr, c’est que l’absence d’avant-centres, et par conséquent des buts, constitue l’une des raisons majeures qui ont poussé le public à déserter les stades.