Culture

«Portraits de pouvoir» ou la galerie politique de Richard Avedon

Le musée Corcoran de Washington a sélectionné 200 portraits en noir et blanc, souvent plus grands que nature comme l’avait exigé le photographe pour ses tirages avant sa mort en 2004 à 81 ans, de personnalités politiques, syndicales, artistiques qui ont marqué la démocratie américaine au cours des cinquante dernières années. «Alors que nous entrons dans cette saison historique d’élection présidentielle à Washington, les portraits politiques d’Avedon font vraiment partie du moment: ils sont une leçon d’éducation sur 50 ans de notre histoire et aussi une leçon de pouvoir», a affirmé Paul Roth, commissaire de l’exposition qui s’ouvre samedi et jusqu’au 25 janvier 2009. «Richard Avedon n’était pas vraiment intéressé par la politique mais il était fasciné par le pouvoir», a expliqué Norma Stevens, directrice de la Fondation Richard Avedon aux collections riches de 500.000 négatifs et 15.000 clichés publiés dont aucun nouveau tirage n’est autorisé, selon la succession. En quelque 60 ans de carrière, Richard Avedon a d’abord révolutionné la photographie de mode par ses clichés raffinés aux mises en scène incongrues dans Harper’s Bazaar et Vogue avant de devenir le plus recherché des portraitistes pour The New Yorker ou encore le magazine français Egoïste. Cet intérêt pour les coulisses du pouvoir et l’incroyable accès qu’il avait, en tant que célébrissime photographe, à un large et prestigieux éventail de personnalités ont donné lieu à des commandes mémorables. L’exposition offre ainsi l’essentiel de la série «The Family», ou 69 portraits politiques américains parus dans un numéro spécial du magazine Rolling Stone en 1976. On y côtoie Ronald Reagan, ancien gouverneur de Californie et pas encore président, Donald Rumsfeld, jeune et élégant secrétaire à la Défense, lunettes Rayban sur le nez et porte-document négligemment glissé sous le bras, George Bush père, décontracté, les mains dans les poches en patron de la CIA ainsi qu’une kyrielle de sénateurs, d’avocats, de journalistes et d’activistes. Des artistes, chantres de la contestation, ne sont pas en reste dans des portraits célèbres comme celui de Joan Baez, les cheveux dans le vent en 1965 ou de Bob Dylan, à la silhouette improbable sur les pavés mouillés de New York, la même année. Jean Genet, Daniel Cohn-Bendit et Marguerite Duras font partie de la galerie. Témoin de la lutte pour les droits civiques, Avedon a aussi réalisé une série de clichés émouvants pour un livre de 1964 intitulé «Nothing personal». Présent à l’exposition, Julian Bond, 68 ans, actuel président de la grande organisation de défense des droits des noirs NAACP, s’est revu avec nostalgie près de cinq décennies plus tôt, photographié par Avedon, alors que jeune activiste il conduisait une marche en Alabama. «Ce fut un honneur d’être photographié par Avedon», a déclaré ce militant à l’AFP, encore immortalisé en 2004, quatre semaines avant le décès du photographe qui réalisait une dernière série de portraits politiques pour le New Yorker. C’est là qu’il saisit le portrait d’un jeune sénateur de l’Illinois qui vient de faire sensation dans un discours à la convention démocrate de 2004: Barack Obama, col de chemise ouvert, simplement cadré à la façon des photomatons. Le célèbre photographe fait également l’objet d’une grande rétrospective à Paris jusqu’au 28 septembre.


• Virginie Montet (AFP)

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