Culture

Regards croisés sur la paix à Rabat

© D.R

Il s’appellent Stavros (Chypre), Aron (Malte), Noa (Israël), Eyad (Palestine), Ashraf (France)… Leurs noms se déclinent sur différents tons, mais au-delà de toute distinction de langue, de couleur ou de culture, ils revendiquent la même appartenance : la Méditerranée. En plus de cette appartenance commune, ils ont le même âge ou presque. L’objectif, qui a été à l’origine de l’exposition «Regards croisés », qui se tient aujourd’hui à la Villa des Arts de Rabat, a été de réunir 17 jeunes artistes méditerranéens pour montrer, par le biais de la photographie, leur perception de la Méditerranée. Résultat ? Les œuvres exposées nous édifient sur ces deux rivages de cette mer qui nous rapproche mais qui a nous a tant séparés. C’est le message qui se dégage d’une palette de sensations révélatrices d’un monde en perte de valeurs. Le tandem Eyad Fathi Fadallah (Territoires palestiniens occupés) et Noa Ben Shalom (Israël) en offre ici un exemple très significatif. D’une part, le Palestinien Eyad propose un regard sur les barbelés dressés en guise de frontière entre deux pays voisins, la Palestine et Israël, et de l’autre, Noa croque le portrait de Palestiniens qui font le pied de grue devant un check-point érigé par l’armée israélienne. Chez l’un comme chez l’autre, nous retrouvons un regard dénonciateur du «Mur de la Honte» qui continue de déchirer les deux peuples. A travers le regard d’Eyad et de Noa, perce un désir énergique de paix entre deux pays proches et pourtant très lointains, vu le poids d’un passé marqué par tant de malentendus, de haines et de rancunes. Réunir deux artistes appartenant à deux peuples en conflit n’est pas le fruit du hasard, il s’agit d’exprimer, par la voie de l’art, envers et contre les politiciens, une même aspiration à la  paix. Par-delà le conflit israélo-palestinien, on retrouve une autre déchirure non moins poignante à travers le regard d’un artiste d’origine chypriote. Stavros Ioannides, puisque c’est de lui qu’il s’agit, dénonce à sa manière le morcellement de Chypre entre la Grèce et la Turquie. La haine que se vouent les deux parties est symbolisée par une flèche érigée au-dessus d’une forteresse. Loin de Chypre, il y a le Liban, l’autre sujet de préoccupation, présent dans une photographie montrant une jeune femme noyée au milieu des couleurs du pays du cèdre. A travers cette œuvre, c’est un appel de cœur mêlé de révolte qui surgit : «ça suffit de voir un pays déchiré par tant de haines inter-confessionnelles».
De cet éventail de regards, un désir commun transparaît. La Méditerranée doit recouvrer sa vocation première de «bassin de paix».
Destinée à exprimer les préoccupations actuelles des jeunes de la Méditerranée, l’exposition «Regards croisés», produite par la Commission européenne, fait une place au pays hôtes. Et c’est la Fondation ONA qui a pris en charge l’exposition de quatre artistes-photographes marocains «pour compléter le tableau», comme nous l’a affirmé la commissaire générale de l’exposition, Tania Chorfi. Ces artistes sont Leïla Ghandi, Yasmine Tahiri, Anass Bennani et Khalid Jalal. L’objectif escompté est de «favoriser le dialogue entre des artistes marocains et internationaux», a précisé Mme Chorfi. Après la Villa des Arts de Rabat, inaugurée le 13 décembre dernier, l’exposition sera déplacée, à partir du 22 février, à la Villa des Arts de Casablanca. A ne pas rater sous aucun prétexte.

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