Economie

Abdellatif Brini : «En comparaison avec le recensement de 2004, la population urbaine de la wilaya de Tanger est passée de 82% aux alentours de 88% en 2012»

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ALM : Comment se comporte le secteur de l’immobilier à Tanger?
Abdellatif Brini : Tanger est toujours classée parmi les premières villes en matière de production de logements. Parmi les dossiers examinés, entre 35.000 et 40.000 demandes d’autorisation de construire de logements ont pu obtenir l’avis favorable de la commission, et ce pour la seule année 2011. La tendance actuelle est bien sûr à l’habitat social. Cela n’empêche pas de dire que la crise économique qui sévit à l’échelle mondiale a donné un coup de frein au secteur touristique et par conséquent à la demande étrangère en secondes résidences. Et contrairement à ce qui vient d’être évoqué dernièrement dans les médias, la crise ne touche pas particulièrement Tanger, elle sévit au niveau national. On ne doit pas comparer les résultats obtenus actuellement avec ceux enregistrés en 2006 et 2007, pendant la candidature de Tanger à l’Expo 2012 et où la ville connaissait une fièvre de la production. Les dossiers de demandes d’autorisation de construire de logements examinés dépassent largement ceux enregistrés en 2003, 2004 et 2005.

Quelle est la vision de l’Agence sur le grand dynamisme et changement que connaît  Tanger?
Tanger est en grande évolution grâce à la création de grands projets structurants tels que le nouveau  port Tanger Med, les autoroutes, les zones franches et industrielles, le projet Renault ainsi que le lancement des chantiers du TGV et de la reconversion de l’ancienne zone portuaire. Il faut qualifier, organiser et mettre à niveau l’ensemble de son territoire pour assurer sa compétitivité par rapport à d’autres villes dans le bassin méditerranéen ou à l’échelle nationale. L’installation de grands projets à proximité des zones rurales tels que Tanger Med, sont à l’origine des mutations du territoire en matière d’urbanisation des communes rurales et des modes de vie de leurs populations. En comparaison avec le recensement de 2004, la population urbaine de la wilaya de Tanger est passée de 82% aux alentours de 88% en 2012. Celle de la préfecture Tanger Asilah, qui était de 92%, affiche actuellement 95%. Il y a eu ainsi la mise en place de 50 documents d’urbanisme couvrant pratiquement à 100% la wilaya de Tanger.

Pouvez-vous nous présenter les plus importants documents  réalisés pour accompagner ce dynamisme urbanistique?
Le lancement du plan d’aménagement unifié, qui vient remplacer les différents plans d’aménagement de la ville, et ce, pour avoir une vision claire sur le territoire de Tanger. Il y a eu aussi la mise en place d’un autre document pour couvrir le littoral méditerranéen de Tanger jusqu’à Ksar Sghir et de se doter par conséquent de ce qu’on appelle une vision stratégique. Laquelle permet d’aider entre autres à planifier ou réglementer l’acte de bâtir dans cette zone du littoral  méditerranéen. Il y a aussi lieu de citer le Plan vert de Tanger et le schéma directeur du commerce pour pouvoir obtenir une vision sur les différentes activités commerciales de la ville. Trois chartes architecturales sont lancées pour préserver le patrimoine historique et la spécificité architecturale de la ville de Tanger et des deux  provinces de Fahs-Anjra et de Tanger-Asilah.

Quel est l’objectif du Plan vert de Tanger?
La réalisation de ce plan a commencé, il y a un an, par le recensement de tous les espaces verts à Tanger. Il s’agit ensuite de les classer et répertorier pour en faire des propositions d’aménagement. Cela permet de contribuer au développement durable et la préservation du patrimoine vert de la ville.

Quel est l’apport des trois chartes architecturales pour la wilaya de Tanger?
La province de Fahs-Anjra connaît une grande mutation due à un fort mouvement de construction en particulier dans ses zones qui abritent de grands projets dont le nouveau port Tanger Med et la ville nouvelle de Chrafat. Une charte est lancée, à cet effet, pour préserver la spécificité architecturale de cette province rurale. Une deuxième porte sur la préservation de l’aspect culturel et historique d’Asilah. Une troisième charte est lancée au profit de Tanger pour répertorier ses anciens bâtiments, qui se distinguent par ses différents styles architecturaux, notamment espagnol, français, italien, allemand et même anglais.

Qu’en est-il pour le monde rural?
Nous avons mis au point une nouvelle méthode pour simplifier la procédure d’octroi de permis de construire dans les zones rurales des deux provinces de Tanger-Asilah et de Fahs-Anjra. Surtout que la réglementation classique exige une superficie d’un hectare pour l’octroi d’autorisation  de bâtir.
Or la plupart des habitants ruraux n’ont pas cette superficie leur permettant d’obtenir le permis de construire. Nous avons d’abord procédé au recensement et ensuite à la délimitation des douars. Nous avons décidé, en concertation avec les présidents des communes rurales, d’accorder l’autorisation aux citoyens pour construire sur un espace de 300 m2, tout en respectant la réglementation classique. Les dossiers examinés ont pu ainsi être multipliés par trois, voire quatre. Cette initiative sera généralisée au niveau de toutes les agences urbaines du Maroc.

Quelle est l’importance des concertations dans l’élaboration de ces projets?
La charte nationale de l’aménagement du territoire a placé la question urbaine parmi les enjeux principaux du développement durable et a attribué aux villes un rôle moderne dans la mise en œuvre et la stabilité au Maroc et dans sa compétitivité à l’échelle internationale. Pour pouvoir assurer cette fonction, les grandes métropoles urbaines, qui constituent les principaux espaces de production et de consolidation des richesses, doivent assurer l’intégration et la cohésion sociale et culturelle.  L’idée d’avoir un débat va permettre l’élaboration d’une politique de la ville définissant l’action coordonnée et intégrée de l’Etat, des collectivités locales et de la société civile. Cette politique de la ville intègre l’aménagement urbain mais aussi les actions sociales, éducatives, économiques et culturelles. Elle est donc multidisciplinaire, transversale et spécifique d’une part, et partenariale, concertée et contractuelle d’autre part.

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