Economie

L’administration : Une priorité de l’U.E

Quelque 140 millions d’euros, équivalant à la somme de 1,5 milliard DH. Tel est le montant global des contributions financières de l’U.E au Maroc au titre de l’année 2003. Ce chiffre, communiqué lors d’un point de presse tenu lundi 26 janvier à Rabat par la Délégation de la Commission européenne au Maroc, englobe aussi bien les anciens protocoles conclus entre le Maroc et l’U.E, les budgets prévus dans le programme Meda II et les participations de la Commission européenne dans les différents programmes d’ajustement structurel. S’exprimant à cette occasion, Sean Doyle, ambassadeur, chef de la délégation a parlé d’un record historique au Maroc, en comparaison avec les 122 millions d’euros atteints en 2002. L’évolution est encore plus remarquable quand on compare ces chiffres avec ceux de l’année 2001, où seuls 35 à 40 millions d’euros auraient été débloqués en faveur du pays. Il s’agit également d’un record régional parmi tous les pays du sud méditerranéen bénéficiaires du programme Meda, et ceci, pour la deuxième année de suite. L’une des raisons qui expliquent cette avancée est à trouver dans la délocalisation sur place du personnel de la Commission européenne travaillant sur le Maroc, entamée en 2001. À cela s’ajoutent les mesures de « contrôle participatif », mises en place par la Commission. Huit commissions sectorielles ont, dans cette perspective, été créées en février 2003. Les chiffres record qui en ont découlés comportent cependant un bémol. « Même avec des allocations de moindre importance, d’autres pays (la Tunisie, la Jordanie…) font mieux. Ils obtiennent de meilleurs résultats, et donc encaissent plus rapidement », a remarqué l’ambassadeur. Alors que le Maroc n’a encore consommé que 36% des montants qui lui sont alloués dans le cadre du programme Meda II, d’autres pays, comme la Jordanie, en ont déjà consommé 70% voire plus.
La concurrence continue donc. Mais une chose est sûre, le Maroc est un pays prioritaire pour l’U.E. Pour preuve, les budgets accordés à tous les pays du Sud-Méditerranéen ont été revus à la baisse. Ceci, pour cause d’engagement de l’U.E dans des projets de reconstruction de l’Irak et dans la Palestine, ce qui alourdit davantage les caisses de l’U.E. Le Maroc n’en continuera pas mois à bénéficier de la moyenne de 140 millions d’euros qui lui est octroyée annuellement et ce, jusqu’en 2006, date à laquelle le fonds Meda II prendra fin. La raison de ce maintien est d’abord politique. « Nous croyons que le Maroc est sur la bonne voie, et nous tenons à accompagner cette évolution ».
Le hic dans les fonds alloués par la Commission européenne reste qu’ils sont destinés en grande partie au secteur public, au détriment du privé.
À ce reproche, l’ambassadeur répond que financer des réformes et des ajustements structurels revient par définition à profiter, entre autres, au secteur privé. C’est de l’amélioration du climat d’affaires qu’il s’agit en fin de compte. Ce sera donc au Maroc de jouer, sur ce volet, comme sur celui de l’après 2006. « À partir de janvier 2007, ce seront les progrès enregistrés, ou non, par le Maroc qui jureront pour ou contre lui ». Tout est donc dit : c’est le comportement du Maroc qui influencera, dans un sens comme dans l’autre, les décisions à venir.
En attendant, l’U.E compte consacrer 79 millions d’euros pour la réforme de l’Administration publique marocaine en 2004.
Le but est d’assurer plus d’efficacité à l’Administration publique, et ce en « accordant notamment un grand intérêt à la formation de ses ressources humaines et en introduisant de nouvelles techniques de gestion à l’instar de celles appliquées dans le secteur privé. La clé serait de considérer le citoyen comme client », a précisé l’ambassadeur. Diminuer le coût élevé de l’administration est un impératif qui en implique un autre, celui de réduire la masse salariale en encourageant les retraites anticipées, mais aussi en assurant plus d’efficacité de l’Administration. À ce budget s’ajoute une enveloppe de 42 millions d’euros en 2004 pour la rallonge de la rocade méditerranéenne jusqu’aux frontières algériennes, en plus du montant initialement alloué de 80 millions d’euros. Pour l’assainissement des villes notamment de Fès, Casablanca et Mohammedia, la Banque européenne d’investissement (BEI) accordera au Maroc un prêt de 150 millions d’euros, assorti d’une bonification d’intérêt, dont le financement est pris en charge par l’U.E.
Sur un autre registre, et concernant la première réunion du sous-comité U.E-Maroc « Justice et sécurité », prévue le 29 janvier à Bruxelles, M. Doyle a noté que cette rencontre constitue une première dans la région de la Méditerranée et qu’elle se penchera sur les questions de la drogue, de l’immigration dans son sens large, et de la justice commerciale. La réunion sera aussi l’occasion pour les représentants du Maroc d’exposer la réforme de la justice et du code de la famille.
Concernant la question du statut du Maroc, tendant vers une relation meilleure que celle de l’association, et moindre que l’intégration avec l’UE, une visite du commissaire chargé de l’Elargissement, Günter Verheugen, est prévue les 4 et 5 février à cet effet.
A l’ordre du jour, des rencontre avec le ministre marocain des Affaires étrangères, le Premier ministre et la presse. Le but est de permettre au Maroc « de fixer une feuille de route pour mieux encadrer les relations avec l’U.E. On donne au Maroc la possibilité de définir lui-même la nature et les modalités du statut spécial auquel il appelle. De notre côté, on accompagnera, notamment, par l’adaptation de l’utilisation de Meda les priorités nationales marocaines ».

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