Economie

L’Europe réaménage la PAC dans la douleur

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«Cela n’a pas été facile», a reconnu, les traits tirés, la commissaire européenne à l’Agriculture, Mariann Fischer Boel, au terme de 18 heures de négociations marathon pour aboutir à un compromis entre les 27 ministres de l’Agriculture réunis à Bruxelles.
«Nous serons assez bien équipés pour l’avenir avec cette adaptation», a-t-elle jugé, en attendant les grandes tractations sur le budget de la PAC après 2013, qui représente à lui seul aujourd’hui 40% du budget de l’UE. Le gouvernement britannique, qui s’est opposé au compromis -sans pouvoir le bloquer- car il le juge trop timide, fourbit déjà ses armes dans cette perspective, avec l’objectif d’obtenir une réduction de l’enveloppe. «Il s’agit d’une occasion manquée pour introduire des réformes plus rapides concernant le budget de la PAC», a estimé l’un de ses porte-parole. Le réaménagement annoncé jeudi vise à amplifier le mouvement d’inspiration libérale lancé avec la réforme de 2003, qui avait rompu le lien entre montant des subventions et quantités produites. Les prix et revenus agricoles seront globalement davantage liés à la loi de l’offre et de la demande, et moins aux subventions, même si l’objectif initial de la Commission européenne a dû être revu en baisse, et si la France a obtenu le maintien d’instruments de régulation des prix qui devaient disparaître. Au programme: une réduction accrue des aides à le production agricole afin de pouvoir financer des projets de protection de l’environnement dans le monde rural (économies d’énergie, moindre utilisation de nitrates, etc..) et de revitalisation des campagnes. Pour la première fois, les très grandes exploitations verront leurs aides diminuer proportionnellement davantage que les petites. Les agriculteurs allemands vont ainsi perdre 240 millions d’euros par an d’aides au total, a calculé la ministre allemande de l’Agriculture, Ilse Aigner.
Berlin a du coup accepté le compromis du bout des lèvres. Les négociations ont été aussi très difficiles sur les quotas laitiers, introduits en 1984 pour lutter contre la surproduction. Certains pays comme l’Italie voulaient les supprimer tout de suite, face à la hausse de la demande mondiale, d’autres comme l’Allemagne voulaient les garder inchangés, redoutant que l’ouverture des vannes fasse chuter davantage les prix et mène certains éleveurs à la ruine. Au final, les quotas vont être augmentés de 1% par an pendant cinq ans avant leur disparition, déjà acquise, en 2015. «C’est une approche prudente», a commenté le ministre français de l’Agriculture, Michel Barnier, dont le pays préside l’UE. D’autant que les Etats qui le veulent pourront verser des subventions ciblées aux éleveurs dans les zones fragiles de montagne afin de les aider à faire face à l’ouverture des vannes de la production. L’argument n’a pas réussi toutefois à apaiser les inquiétudes des producteurs de lait, tant en France ou en Allemagne, qui protestent depuis plusieurs mois contre la baisse de leurs prix. Le principal syndicat agricole français, la FNSEA, a jugé «irresponsable» le relèvement des quotas qui risque d’amplifier le phénomène. 

• Yacine Le Forestier (AFP)

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