Editorial

Éditorial

La Commission Azziman va rendre sa copie. En douze mois de travail, que nous n’imaginons pas facile, elle devait livrer un projet de régionalisation avancée qui soit audacieux, pratique et respectueux des institutions nationales et de leur équilibre. A ce jour, les délibérations de la commission ont été étanches. Pas de fuites. Mais, cela ne nous empêche pas de continuer le débat. L’accélération de l’actualité dans notre pays, notamment en relation avec les évènements de Laâyoune, pose ce problème sous un jour nouveau. En situation normale — on n’est pas encore dans la régionalisation avancée, ou pas, avec son lot de compétences déléguées — nous avons constaté que le centre du pouvoir, le pouvoir central, avait du mal à imposer l’ordre légitime à la périphérie, c’est-à-dire à une région. Il a fallu plusieurs jours, près d’un mois, pour restaurer pacifiquement l’ordre public, rétablir l’ascendant de l’Etat, et dénouer dans des conditions médiatiques et politiques calamiteuses, au niveau international, pour notre pays cette sordide affaire. Bilan : 12 morts essentiellement dans les rangs des forces de sécurité, plus de 100 arrestations, un wali sur le tapis, un ministère de l’Intérieur ébranlé sur ses fondements, une Commission d’enquête parlementaire, etc. Et le reste est à venir quand un procureur du Roi se saisira des conclusions de la Commission parlementaire pour permettre à la justice de frayer son chemin car la mémoire des morts la réclame. Bien sûr que la régionalisation sous cet angle catastrophiste posera un problème. Pis encore, l’autonomie sous souveraineté marocaine posera davantage de problèmes dans les provinces du Sud si les protagonistes ne saisissent pas le sens profond de son fonctionnement en tant que pouvoir «délégué». Nous attendons, dans une conjoncture assez difficile, de la Commission Azziman qu’elle démocratise les territoires et qu’elle les rende solidaires entre eux, qu’elle dégraisse le vieil Etat centralisateur sans le fragiliser ni l’humilier, qu’elle donne un espace de vie aux particularismes régionaux — là où ils existent — sans céder sur l’unité nécessaire de la nation, qu’elle crée un cadre institutionnel pour la résolution de la question du Sahara, qu’elle soit un déclencheur utile et positif de l’ouverture d’un chantier constitutionnel moderne, etc.  En fait, nous attendons beaucoup de cette commission, sur laquelle nous avons projeté toutes nos frustrations politiques,  et dont les membres, — du moins les plus conscients d’entre eux — ont dû être écrasés par la responsabilité morale de leur tâche. Et si, au final, cette commission nous décevait…  On n’en serait peut-être pas mieux, ou pas plus mal !

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