Dans un pays comme le Maroc, l’un des critères les plus déterminants en matière de projection économique et de crédibilité sur le plan de la gouvernance est incontestablement l’accueil fait par les investisseurs étrangers aux offres d’affaires que le pays soumet à ses partenaires. Le secteur des télécommunications est à ce propos exemplaire. Il l’a été à la fois dans la méthodologie de l’octroi de la deuxième licence du mobile, dans l’ouverture du capital de l’opérateur national historique et dans la manière de gérer l’écheveau des dispositifs judiciaires et réglementaires pour protéger les droits des uns et des autres. Nul besoin de rappeler ici l’exception marocaine en matière de télécommunications, saluée d’ailleurs à l’échelon international. Que ce soit la mise en place de l’Agence Nationale de Réglementation (ANRT) ou dans la mise en oeuvre du processus de libéralisation de la téléphonie mobile, le pays a franchi un pas décisif dans ce domaine. Même si elle fait l’objet de polémiques et d’une guerre des communiqués, la compétition que se livrent les deux opérateurs Maroc Telecom et Méditelecom est bénéficiaire pour les consommateurs que nous sommes. Que se soit au niveau des tarifs ou des prestations. Plus que jamais les deux opérateurs ont besoin d’un environnement juridique stable. L’enjeu est stratégique pour le Royaume. Si le Maroc a raté le rendez-vous avec l’industrialisation, les télécommunications et les technologies de l’information représentent un potentiel énorme en matière d’investissements. D’où la responsabilité du gouvernement. Celui-ci doit trancher dans le bras de fer qui oppose l’ANRT et le SEPTI (Secrétariat d’Etat chargé de la Poste et les Technologies de l’Information). Il serait inopportun que l’équipe Youssoufi change de règles de jeu au moment où les deux opérateurs ont besoin d’être rassurés. Proposé par le SEPTI, le projet d’amendement de la loi 24-96 sur les télécommunications est perçu comme étant une violation de la loi selon l’ANRT dans la mesure où c’est à elle de proposer des textes. Pour son directeur, il y a une sorte de volonté manifeste pour affaiblir « l’Etat de droit » dans ce domaine. Le Maroc se trouve alors dans une situation pour le moins difficile. L’arbitrage du Premier ministre serait-il nécessaire ? Oui, si le gouvernement veut consolider l’image dont bénéfice le Maroc dans ce domaine. Quoi que dise le SEPTI, le projet de réforme remet en cause le travail de l’ANRT du fait qu’il cherche à lui enlever l’exclusivité en matière de proposition des textes législatif et réglementaire. En attendant le verdict du gouvernement concernant ce dossier, Maroc Telecom et Méditelecom affinent leurs dernières retouches pour se préparer à une concurrence acharnée sur tous les fronts pour l’année prochaine. De nouvelles manches dans une compétition salutaire.