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Éditorial : Comment penser

Si Saddam Hussein avait écouté feu SM Hassan en 1991, il n’aurait jamais été trouvé et capturé dans un trou de rats comme un vulgaire fugitif. Quelques jours avant la première guerre du Golfe le défunt Souverain lui avait adressé un message pathétique. Il l’avait enjoint publiquement de préserver l’Irak en se retirant du Koweit avant que le pire ne s’abatte sur son pays . On connaît la suite et la triste fin d’un homme aveuglé par son pouvoir dictatorial jusqu’à vendre aux enchères un pays et une civilisation pour préserver ses intérêts personnels. C’est ce qui fait le malheur des peuples du monde arabe dont la plupart des dirigeants fondent leur pouvoir sur l’absolu, l’autoritarisme et la répression . La liberté dans son sens le plus large est considérée comme un acte criminel passible de disparition, d’exécutions sommaires et de trahison. Le regretté écrivain et penseur arabe, Edward Saïd, avait supputé à sa juste valeur cette absence de penser assujettie aux peuples arabes par l’absence de la démocratie. Une carence qui tue l’esprit d’initiative et qui augmente l’écart de connaissances qui sépare les Arabes des autres peuples du monde. D’où cette réflexion pertinente d’une homme de savoir sur le pouvoir de la pensée : «…Nous n’avons pas besoin des plus grandes bibliothèques et d’un plus grand nombre d’ordinateurs, mais plutôt de connaissances de qualité basées sur la compréhension et non sur l’autorité ou sur des répétitions dépourvues d’esprit critique ou sur une reproduction mécanique…Tout cela peut être résumé en une seule phrase-question: Comment penser». Dans une dictature personne n’a le droit de penser. Seul le parti unique est autorisé à penser en chantant le refrain de l’idée unique du chef adulé et vénéré. C’est la reproduction mécanique de la pensée unique qui a fait que les Arabes ont perdu tout esprit d’initiative, d’effort ou de recherche. La notion du suivisme est tellement ancrée dans les esprits, que les intellectuels singent leurs dirigeants même quand ils savent qu’ils les mènent droit vers la dérive. L’autorité auquelle fait référence Edward Saïd interdit le droit à la compréhension et pénalise la critique qui est assimilée à un rébellion. Quand l’esprit est prisonnier de l’idée unique, le comment penser d’Edward Saïd devient lourd de sens. Comment peut-on penser le développement humain dans un monde arabe quand un seul homme comme Saddam prend en otage tout un peuple. Comment penser quand il détruit toute une civilisation, ruine tous les espoirs pour jeter l’éponge sans tirer une seule balle de dignité, d’honneur et de fierté arabe. L’humiliation a transpercé les coeurs de tous les Arabes avec ces images avilissantes d’un homme capturé comme le dernier des malfrats. Hier encore il brandissait l’arrogance d’une puissance imaginaire pour s’accrocher à un pouvoir qu’il croyait éternel. Le comment penser d’Edward saïd signifie tout simplement que sans liberté, aucun développement humain, économique et social n’est possible.

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