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Éditorial : Le fric ou le linceul

Le gouvernement n’a rien trouvé de mieux que de procéder récemment à une augmentation brutale des soins dans les hôpitaux publics. Déjà ces derniers sont connus pour être primaires et défaillants , il ne manquait que de revoir leurs tarifs à la hausse. Cette situation pour le moins incompréhensible continue de susciter la protestation légitime des patients qui se recrutent dans les couches défavorisées. Plus que l’autisme politique, il s’agit là d’une indifférence mortelle de la part des pouvoirs publics qui délivrent ce message morbide aux pauvres : le fric ou le linceul ! Payez ou crevez ! Le Maroc “d’en bas“ n’en finit pas de souffrir.
Plus grave encore, ni le Premier ministre ni le ministre de la Santé n’ont jugé utile de s’expliquer a priori ou a posteriori sur cette affaire, histoire de faire passer la pilule. Rien. Silence total. Mépris intégral. Pendant ce temps, les malades démunis, livrés à eux-mêmes, n’ont d’alternative que d’en appeler, paumes tournées vers le ciel, à la justice divine. Dans les provinces, les gouverneurs, interloqués, craignent un début d’émeutes parmi la population des déshérités. Si ce n’est pas de la provocation sociale, cela lui ressemble beaucoup. La colère gronde. Les syndicats commencent, quant à eux, à s’organiser pour préparer la riposte. Ambiance…
Augmenter de 50% les tarifs des consultations médicales est franchement fort de café. Exagéré et mal venu. Cette hausse ne se justifie guère, ni économiquement ni politiquement, car elle est à contre-courant de la politique de solidarité sociale initiée par S.M le Roi Mohammed VI. Une politique ambitieuse que le souverain fait vivre sur le terrain avec un engagement sans faille depuis son accession au Trône en août 1999 en multipliant les gestes envers les populations fragiles et les visites sur le terrain.
Au moment où la plus haute autorité de l’Etat donne des signaux forts pour alléger la souffrance des gens vulnérables dans plusieurs aspects de la vie, voilà que le gouvernement se fait un point d honneur de les saigner davantage au lieu de rehausser la qualité des soins et d’améliorer l’état déplorable des structures sanitaires.
Ce n’est un secret pour personne, la santé publique au Maroc est un désastre. Hôpitaux délabrés, soins insuffisants, personnel démotivé, équipements obsolètes… Le tableau est sombre.
Sauf à considérer que la santé publique ne fait partie des missions régaliennes de l’Etat au même titre que l’éducation ou le transport, cette affaire est socialement et politiquement grave. Cela dénote au mieux un désintérêt grandissant par rapport au sort des citoyens à faible rebenu et au pis une rupture des gouvernants avec le réel qu’ils sont censés changer. Dans les deux cas, c’est proprement ahurissant.

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