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Éditorial : Mission dévoyée

Peu de Casablancais connaissent l’existence de la Société nationale de l’aménagement communal (Sonadac). Créée par la communauté urbaine de la ville dans la foulée de l’achèvement de la construction en 1994 de la mosquée Hassan II, cette entité est empêtrée dans des problèmes structurels énormes.
Sa mission principale pour laquelle elle a vu le jour, à savoir la mise en place de la fameuse Avenue Royale, n’a pas été honorée. L’opération de relogement des riverains vers le projet Nassim à Sidi Maârouf, corollaire de ce projet ambitieux censé changer le visage de Casa-Anfa, connaît lui aussi des ratés et un retard important en ce sens où le nombre de familles “déménagées“ reste très faible. Erreurs de management, gestion désastreuse des ressources humaines, lourdeurs administratives, autisme des responsables, tout s’est conjugué pour aboutir à cette situation ingérable.
Pis, le patrimoine foncier et financier de la société a subi contre toute logique une mauvaise gestion qui ressemble à une dilapidation organisée. En un mot, la Sonadac n’a non seulement pas réalisé son cahier des charges, mais elle est devenue une machine lestée de nombreuses casseroles.
La Sonadac est en délicatesse avec ses partenaires. D’abord et surtout avec les banques qui ont opéré des saisies sur les terrains vendus ou bazardés à des tiers sans délivrance des mainlevées nécessaires alors que ces derniers ont payé soit entièrement ou en partie les lots achetés. Un véritable imbroglio juridico-financier est en gestation. Mohamed Naïmi, directeur général de cette entreprise au bord de la faillite est mis à l’index. Au lieu de faire prendre à la société le chemin d’un redressement salutaire, il passe son temps à gérer le quotidien, s’emmurant dans le silence total.
Quant au ministère de tutelle, l’Intérieur, il ne sait pas comment régler un dossier explosif sans déclencher une nouvelle affaire qui finirait devant la Justice.
Résultat : le statu quo dure et perdure et les désagréments s’amoncellent et se compliquent. Les responsables de Casablanca, actuels et anciens, sont au courant du scandale. Mais personne n’ose mettre la main sur une patate très chaude. Mais il ne suffit pas de pétrifier le problème pour le résoudre. Il va bien falloir ouvrir la boîte de Pandore et rendre des comptes. Et pourtant, cette antenne de l’ancienne communauté urbaine de la ville avait tous les moyens financiers et fonciers pour mener à bien sa mission La Sonadac c’est l’histoire d’une mission dévoyée et d’un projet très lourd géré avec beaucoup de légèreté.
La question se pose avec insistance : qui paiera les pots cassés de la Sonadac ? Qui est responsable de cette gabegie ? Une chose est sûre : il est urgent d’assainir les comptes de l’entreprise quitte à prendre des décisions douloureuses.
Le cas de la Sonadac est une preuve supplémentaire de l’incurie locale qui a sévi à Casablanca notamment au cours de la décennie précédente sur fond d’impunité et d’irresponsabilité.

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