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Éditorial : Relents de scandale

Décidément, les terres de la Sogeta/Sodea sont maudites. Le plan de restructuration, élaboré il y a quelques mois par le gouvernement pour sauver ces sociétés d’État en faillite, connaît des ratés avant même sa mise en route sur le terrain. Consistant à donner les terrains agricoles en location à des investisseurs marocains et étrangers et à une partie des ingénieurs agronomes nationaux, ce plan de sauvetage est contesté par cette dernière catégorie qui considère avoir été désavantagée par rapport aux entrepreneurs surtout en termes de prix à l’hectare. En clair, ces diplômés de l’État, formés pour travailler et valoriser la terre , crient à la discrimination. Plus grave encore, la Sodea, selon leurs dires, les a obligés à signer à l’avance des chèques de garantie qui sont normalement interdits par la loi et des reconnaissances de dettes sous peine de ne pas se voir céder les terres prises en location. Résultat : les intéressés ont l’impression d’avoir reçu des cadeaux empoisonnés avant même d’avoir commencé à exploiter leurs biens. Parfum de scandale ?
Les ingénieurs agronomes sont d’autant plus désemparés qu’ils ont depuis des années demandé aux pouvoirs publics de leur céder des terres de la Sodea dans le cadre de contrat de location. Une manière judicieuse de mettre fin au chômage de diplômés formés par l’État mais qui n’ont pas trouvé de débouchés sur le marché du travail. Un paradoxe dans un pays connu pour sa vocation agricole et de ses terres fertiles.
Ce n’est que récemment, à la faveur de la décision de donner en gestion les domaines agricoles de la Sodea/Sogeta au secteur privé qu’ils ont obtenu gain de cause. Voilà qu’ils se sentent floués par les dirigeants de la Sodea qu’ils accusent de leur avoir fait signer des contrats léonins.
Si le gouvernement de Driss Jettou avait choisi cette formule de location c’est pour se débarrasser d’un gouffre financier qui a englouti plusieurs milliards de Dhs au fil des années sans aucune possibilité de redressement. Gabegie à grande échelle, mauvaise gestion et détournements de fonds. Cette solution, initiée et défendue par le chef du gouvernement, avait l’avantage d’enterrer un grand scandale qui commençait à transpirer et qui risquait de finir entre les mains d’une commission d’enquête parlementaire comme ce fut le cas pour l’affaire du Crédit immobilier et hôtelier (CIH) et celle de la CNSS dont l’instruction judiciaire n’a toujours pas démarré. Ainsi, les deniers publics dilapidés par les deux entreprises agriocles d’État sont passés par perte et profit sans autre forme de procès. Démarche pour le moins inédite qui a été également appliquée à la BNDE laquelle a la réputation d’être un repaire de scandales financiers d’une très forte magnitude politique.
Le problème avec ce type de solution c’est qu’elle encourage les malversations et l’impunité dans les sociétés publiques sachant que les dirigeants indélicats peuvent toujours s’en tirer sans rendre de comptes. Est-ce ce Maroc-là qui continue ?

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