Normalement, les membres du bureau de la Chambre des représentants devraient-être connus depuis lundi dernier, mais jusqu’à présent, la situation stagne et dans les milieux des concernés, c’est le black-out.
Pour certains députés qui aspirent à des postes ministériels, toute précipitation concernant la mise en place des nouvelles instances dirigeantes de la Chambre des représentants serait suicidaire pour leur carrière politique. Il faudrait selon cette logique attendre et voir. Attendre que le gouvernement soit installé et voir les personnes qui seront en son sein, sinon, il y a le risque de perdre à la fois le poste ministériel et l’élection à la présidence d’une commission ou aux postes de vice-président de la Chambre.
Pour cette raison, le débat entre les formations politiques a repris de plus belle, mais cette fois autour de l’importance numérique de chaque groupe parlementaire.
En termes plus clairs, le Parti de l’Istiqlal et certaines petites formations qui veulent s’ériger en groupe parlementaire font référence au nombre définitif qu’ils ont pu avoir en fin de compte, c’est-à-dire outre les résultats officiels annoncés à l’issue des élections législatives du 27 septembre, ils incluent les députés qui ont rejoint leur groupe après cette échéance.
Pour le Parti de l’Istiqlal, cela se traduira par l’obtention de quelque 53 sièges au lieu des 48 qui lui reviennent, en vertu du verdict des urnes. Un tel nombre lui permettra, donc, de devenir la première force politique au sein de la chambre. Ainsi, ce parti pourra acquérir le poste de premier vice-président de la première chambre et avoir la priorité au choix de la présidence de la Commission qui l’intéresse le plus. Sachant d’une part que chacune des six premières formations a droit à la présidence d’une Commission parlementaire et, d’autre part, que la première force politique choisira la présidence de l’une des deux commissions les plus importantes, à savoir celles des Finances et de la Justice.
Pour les autres partis qui aspirent à la constitution d’un groupe parlementaire et qui, pour cette raison, recrutent en leur sein des élus appartenant à d’autres familles politiques, comme c’est le cas pour l’Union démocratique de Bouazza Ikken, l’enjeu est différent de celui de l’Istiqlal et les ambitions de leurs membres sont moins importantes.
La Constitution d’un groupe permet à ses membres d’avoir des moyens matériels et des possibilités logistiques. Car, conformément aux dispositions du règlement intérieur du Parlement, chaque groupe doit avoir des bureaux, du personnel et des moyens pour accomplir la mission de députation dans de bonnes conditions. En outre, le président de la Commission est avantagé, à cet effet, par l’octroi d’une dotation de carburant et de consommation de journaux et perçoit une indemnité mensuelle d’environ 7000 DH.
En plus, les groupes bénéficient, selon leur importance numérique, de quota en ce qui concerne la participation aux missions à l’étranger et au niveau de la répartition des questions orales, etc.
En bref, comme dans la majorité des démocraties modernes, les groupes constituent les piliers de l’action parlementaires. Au Maroc, les six premiers groupes sont représentés au niveau du Bureau de la Chambre, et à ce titre, ils animent le travail de leur chambre et participent à la Conférence des présidents, une instance privilégiée, chargée -en vertu de la loi – d’arrêter l’ordre du jour des séances plénières, qui constitue un espace de concertation entre le gouvernement et le Parlement.
Ceci dit, en attendant l’annonce du gouvernement, il semble que toutes les questions évoquées ci-dessus sont appelées à sommeiller.