Le nom du projet « Grand Moyen-Orient » résume son ambition qui est de faire de la région un havre de paix. Elaboré en collaboration avec le G 8, l’Union Européenne et plusieurs grandes institutions internationales comme l’OTAN, ce projet est en effet un vaste processus de réforme basé sur la démocratie, l’Etat de droit et l’économie de marché dans lequel seront impliqués les pays du Proche-Orient, une région déchirée par la violence et les guerres depuis plusieurs décennies. Faisant la promotion du « Grand Moyen-Orient », le secrétaire d’Etat américain Colin Powell a déclaré à l’issue d’une rencontre avec le Prince héritier de Bahreïn, Cheikh Salmane ben Hamad Al-Khalifa que ce projet visait à fédérer diverses formes d’aide ou d’incitations visant à faire aboutir les réformes sociales et politiques qui pourraient aboutir sur une ouverture à l’économie de marché dans une allusion à leur adhésion à l’Organisation mondiale du commerce (OMC). « Nous regardons comment nous pourrions rassembler tout cela pour soutenir les réformes au Proche-Orient », a précisé le diplomate américain.
Les réactions arabes ne se sont pas fait attendre. Méfiantes, elles ont toutes insisté sur la nécessité de trouver une solution au conflit israélo-palestinien sans qui le projet n’aurait aucune chance d’aboutir, rejetant ainsi une initiative « imposée de l’extérieur ». C’est l’exemple de l’Egypte et de l’Arabie Saoudite, deux des principaux alliés de Washington, qui ont d’ores et déjà proclamé leur opposition à cette initiative. Et c’est justement pour dissiper ces craintes qu’un émissaire américain se trouve actuellement en tournée dans certains pays arabes et musulmans. Au Caire, qui accueillera cette semaine une réunion de la Ligue Arabe, le numéro 3 du département d’Etat américain, Marc Grossman, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a insisté sur le fait que «la réforme ne peut pas et ne sera pas imposée de l’extérieur». Et d’ajouter : « les Etats-Unis ne cherchent pas à contourner la question palestinienne en proposant leurs idées ».
En tout cas, les Etats-Unis semblent déterminés à faire aboutir son « Grand Moyen-Orient ». En témoigne le nombre de contacts déjà entrepris avec leurs alliés dans l’espoir de le lancer en juin prochain lors du sommet du G8 prévu en Géorgie. Cette initiative américaine a en effet été discutée vendredi dernier entre Powell et son homologue français, Dominique de Villepin, et lundi avec le chef de la diplomatie néerlandaise Ben Bot dont le pays va assurer la présidence de l’Union européenne au deuxième semestre de 2004. Le sujet a également été discuté avec le nouveau secrétaire général de l’Otan, Jaap de Hoop Scheffer, lors d’une visite à Washington fin janvier.