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Immobilier : On désinvestit à Casablanca

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ALM : Un mouvement de fuite des investissements immobiliers a été enregistré ces derniers temps à Casablanca. Qu’en est-il exactement ?
Youssef Iben Mansour : Casablanca demeure la ville la plus importante en terme de besoin en logements au Maroc, et ce en raison de la prolifération des foyers d’habitat insalubre et de la croissance démographique. Il fallait qu’il ait une offre immobilière à même de répondre à ces besoins. Or, il se trouve qu’actuellement à Casablanca, il est pratiquement impossible de construire des logements à prix abordables. Il y a effectivement un mouvement de fuite des investisseurs immobiliers vers d’autres région du Royaume, compte tenu qu’à Casablanca, les difficultés sont devenues très grandes. Prenons l’exemple de ces promoteurs signataires d’une convention avec le gouvernement. Ils se trouvent dans l’obligation de fournir 2500 logements sur une période de cinq années. Comme ils ne peuvent pas le faire dans la capitale économique du Royaume, ils se sont tournés vers d’autres villes qui, signalons-le, ont mis à la disposition des promoteurs des guichets uniques d’urbanisation.

Pourquoi est-ce que la ville de Casablanca n’en dispose pas ?
C’est une question que nous ne cessons pas de nous poser. Le bâtiment qui devrait normalement abriter le guichet unique existe. Ce sont les besoins en financement qui n’ont pas été satisfaits. En tout cas, c’est la réponse que nous recevons de la part de l’Agence urbaine. Nous, promoteurs immobiliers casablancais, avons déclaré à plusieurs reprises être disposés à contribuer financièrement à l’aménagement de ce guichet.
Et ce n’est pas la seule exception de Casablanca. Cette dernière demeure aussi à l’écart du programme national de lutte contre l’habitat insalubre «Villes sans bidonvilles». Les autorités évoquent de nombreuses raisons liées notamment à l’énormité du défi et à la complexité et la multiplicité des interventions requises. Et le résultat est le même. Nous nous trouvons toujours dans l’attente de la signature de cette convention, qui ne manquera pas de redynamiser les investissements immobiliers à Casablanca.

Que reprochez-vous d’autre à la gestion urbaine de Casablanca?
C’est le manque d’une politique de planification qui fait le plus défaut à Casablanca. Actuellement, la ville ne dispose ni de schéma directeur ni de plans d’aménagement. Le premier est arrivé à expiration fin 2004, alors que les plans d’aménagement sont devenus caducs depuis 1999. Et pourtant l’Agence urbaine continue toujours d’instruire les dossiers sur la base de ces projets ; ce qui est franchement très dépassé et nous coûte énormément. Une réunion a bien eu lieu avec les responsables de l’Agence urbaine il y a de cela près d’une année et demie. On nous a alors assurés que les études avaient démarré pour la mise en place d’un nouveau schéma directeur. Mais actuellement, la situation n’a pas évolué d’un iota.

De quelle manière l’absence de ces documents urbanistiques handicape-t-elle les projets immobiliers ?
C’est cette période de transition ,qui est entre deux schémas directeurs, qui n’a pas été bien préparée. Actuellement, nous sommes en train de vivre un flou qui n’arrange les affaires de personne. Les promoteurs ne savent plus quelle est la limite du périmètre par exemple, qui, signalons-le, doit être revue. Autre conséquence : la multiplication des prix du foncier en très peu de temps. En l’espace de deux années, le prix du terrain au mètre carré a triplé. La parcelle qui coûtait entre 300 et 400 dirhams est en vente actuellement à près de 1200 dirhams.

Quelles sont vos attentes à présent ?
Nous sommes conscients du rôle que doit jouer l’Agence urbaine dans le développement d’une grande ville comme Casablanca. Mais il faudrait mettre en place une nouvelle organisation urbanistique qui prendrait en compte les évolutions que connaît la ville. Se baser toujours sur des documents caducs est franchement aberrant. Il faudrait que la situation change si l’on veut encourager l’investissement.

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