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La démocratie en Mauritanie s’effondre sous les coups de boutoir du tribalisme

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Nouakchott s’est réveillée, hier, sur un nouveau coup d’Etat. Le général Mohamed Ould Abdel Aziz, démis mercredi de ses fonctions de commandant de la garde présidentielle du président Sidi Ould Cheïkh Abdallahi, est le «meneur du coup d’Etat en réaction à son éviction», a affirmé à la presse le porte-parole de la présidence mauritanienne, Abdoulaye Mahmadou Ba. Ce coup d’Etat, le troisième en son genre en Mauritanie, s’est soldé par l’arrestation du président élu démocratiquement, Sidi Ould Cheïkh Abdallahi, et de son Premier ministre Yahya Ould Ahmed Waghf. Le chef d’Etat mauritanien a procédé, hier, à des changements à la tête de l’armée, de la gendarmerie et de la garde présidentielle marqués par le départ de généraux accusés d’être derrière la fronde des députés et sénateurs qui ont claqué lundi dernier la porte du parti au pouvoir (Pacte national pour la démocratie et le développement), la formation présidentielle.
Selon un décret présidentiel lu hier matin sur la radio nationale mauritanienne, le colonel Abdarrahmane Ould Babakar a été nommé chef d’état-major de l’armée et le colonel Mohamed Ahmed Ould Ismaïl chef d’état-major particulier du président mauritanien. Trois généraux partants, menés par le commandant de la garde présidentielle, Ould Abdel Aziz, ont refusé d’obtempérer à l’ordre présidentiel, et sont entrés en rébellion contre l’ordre constitutionnel.  Ces derniers, épaulés par des officiers, ont arrêté le président à sa résidence, et son Premier ministre à son bureau, confisquant tous les téléphones de la présidence, y compris celui de la première dame en Mauritanie. Ce coup de fronde n’a fait aucune victime à Nouakchott, où aucun coup de feu ni barrage n’a été signalé.
Première réaction à tomber, hier, sur le fil, celle de Paris qui a rappelé «l’attachement de la France à la préservation de l’Etat de droit en toute circonstance et son hostilité à la prise du pouvoir par la force». Ce coup de force fait suite à celui mené, en 2005, par le colonel Ely Ould Mohamed Val, qui a renversé le régime de l’ancien président Maaouiiya Ould Taya. Ould Mohamed Val avait préparé les conditions de la transition du pays vers la démocratie, mais le nouveau coup d’Etat mené par la junte militaire vient signer le naufrage de la démocratie, montrant qu’un Etat tribalisé peut, difficilement, construire une démocratie moderne. La conception du pouvoir ne se faisait pas sur le critère de la divergence d’idées, ou d’opinions, qui est le moteur de toute dynamique politique, mais bien sur celui de l’appartenance de tel ministre, ou tel député, à une tribu plutôt qu’à une autre. Le «cas» mauritanien devrait résonner comme un cri d’alerte sur ce qui se passe dans le sud-ouest algérien, notamment à Tindouf, où l’octroi des privilèges se fait selon le critère de l’identité et en fonction de la proximité de tout un chacun de la tribu dirigeante.

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