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« Le monde est en train de perdre la bataille contre le diabète » (experts)

© D.R

D’après les déclarations d’experts médicaux, à l’occasion de la journée mondiale du diabète,  le nombre de personnes souffrant de cette maladie atteint cette année le record de 382 millions, contre 371 millions en 2012. Selon eux, la bataille contre le diabète est en train d’être perdue…

Dans le monde, une grande majorité de ces personnes souffrent du diabète de type 2, lié à l’obésité et au manque d’exercice. La maladie se propage à mesure que les populations du monde en développement adoptent le mode de vie urbain occidental.

Selon Reuters, la dernière estimation en date de la Fédération internationale du diabète (FID), rendue publique à l’occasion de la journée mondiale du diabète, équivaut à un taux de prévalence mondial de 8,4% de la population adulte.

A l’horizon 2035, toujours selon les prévisions de la FID, le nombre de malades aura grimpé de 55%, passant de 382 millions à 592 millions.

« La bataille pour préserver les populations du diabète et de ses complications invalidantes et dangereuses, est en train d’être perdue », déclare la fédération dans la sixième édition de son Atlas du diabète.

La FID établit également un constat pour le moins alarmant : le nombre de personnes mourant du diabète dans le monde est désormais de 5,1 millions par an, soit une personne toutes les six secondes.

« Année après année, il semble que les chiffres empirent », relève David Whiting, épidémiologiste et spécialiste de santé publique à la FID, cité par Reuters. « Partout dans le monde, nous assistons à une augmentation du nombre de personnes développant le diabète ».

Quid du Maroc ?

Chez nous, le diabète touche 6,6 % des adultes âgés de plus de 20 ans, soit environ 1,3 million de patients, a indiqué mercredi le ministère de la santé.

Dans un communiqué publié à l’occasion de la célébration de la journée mondiale du diabète (14 novembre) sous le thème « la prévention du diabète et l’éducation », le ministère rappelle que la majorité des cas sont enregistrés dans les villes avec une prépondérance chez les personnes âgées de 55 à 64 ans.

Pour réduire l’impact de cette maladie, le ministère a établi un plan d’action basé sur la mise en place d’un programme de dépistage du diabète chez les personnes à haut risque au niveau de tous les centres de santé, à raison de 500.000 personnes par an (hypertendus, obèses, femmes enceintes, femmes ayant eu un diabète gestationnel, antécédents familiaux), ajoute le communiqué.

Le ministère œuvre également à améliorer la disponibilité des médicaments antidiabétiques, souligne le communiqué, précisant que l’enveloppe budgétaire allouée à l’acquisition des médicaments pour l’année 2013 est de 63 millions de DH pour l’insuline et 74 millions pour les antidiabétiques oraux,

Autre préoccupation du département de la santé, selon la même source, c’est la formation des médecins généralistes en matière de prise en charge des diabétiques.

L’un des objectifs stratégiques de ce plan d’action consiste à mettre en place de centres intégrés de prise en charge des malades chroniques, en l’occurrence les diabétiques et les hypertendus. Actuellement, ces centres sont implantés dans 23 provinces et préfectures.

Focus sur le diabète juvénile

Il convient aussi de parler du cas du diabète juvénile qui concerne aujourd’hui au Maroc, près de 100.000 enfants au Maroc. Ce diabète de type 1, dit juvénile ou insulinodépendant, diffère de celui de type2, dit gras ou de la maturité.  En effet, le diabète juvénile n’est pas dû au mode de vie (et à l’obésité) mais à la destruction de cellules du pancréas produisant l’insuline.

« Les globules blancs de notre système immunitaire, normalement chargées de traquer et d’éliminer les corps étrangers (virus, bactéries, parasites), en sont les responsables car ils s’attaquent à notre propre organisme de façon autodestructrice. D’où le terme de maladie auto-immune qui lui est donnée », explique à ce sujet le docteur Khadija Moussayer, spécialiste en médecine interne et en gériatrie et présidente de l’AMMAIS.

Ses premières manifestations souvent brutales (soif excessive, mictions très fréquentes, fatigue, perte de poids, nausées), sont le signe d’une forte hyperglycémie dans le sang aux effets potentiellement graves, allant jusqu’au coma, a-t-elle poursuivi, notant que les injections d’insuline, qui devront se poursuivre toute la vie, sont l’unique seule solution urgente, l’insuline ayant pour fonctions d’assurer l’utilisation du glucose par les cellules de l’organisme pour ses dépenses en énergie et de réguler la quantité de sucre dans le sang.

« Ce que l’on sait moins, c’est que ce diabète juvénile concerne plus de 10 % des diabétiques, progresse partout dans le monde à un taux annuel de près de 4% et frappe de plus en plus les enfants en bas âge (entre 0 et 4 ans) », a-t-elle averti.

Son évolution se traduit de façon quasi inéluctable au bout de 15 à 20 ans par des dommages aux vaisseaux sanguins affectant l’œil, les reins, les nerfs. Seule, sa bonne prise en charge par le sujet atteint comme par le médecin traitant permet d’en éviter les conséquences les plus graves (accidents cardiovasculaires, amputation), relève Mme Moussayer.

Véritable « épidémie », l’importante progression de ce phénomène, s’explique, entre autres, selon l’AMMAID, par une prédisposition génétique (observation d’une transmission parents-enfants ou grands-parents-enfants plus fréquemment que la normale), ainsi que des facteurs environnementaux.

Première mise en cause, la pollution, avec plus de 100.000 produits chimiques présents dans l’alimentation, l’eau, l’air, le sol ou à l’intérieur de nos maisons (pesticides, nitrates, métaux lourds, particules fines et dioxyde d’azote dégagés par les automobile), dont certains sont considérés comme des « perturbateurs endocriniens ». Les bactéries et les virus qui exerceraient une toxicité à l’encontre des cellules productrices d’insuline sont eux aussi pointés du doigt. Sans compter qu’un apport insuffisant en vitamine D augmenterait également ce risque.

Mais chose surprenante, l’excès d’hygiène serait de plus en plus incriminé. Si la propreté a permis au fil des siècles de mieux se protéger des infections et de mettre fin à la forte mortalité infantile, il y a un revers de la médaille. En effet, l’excès d’hygiène empêcherait le système immunitaire d’apprendre à reconnaître ses vrais ennemis.

La solution ? Permettre dans ce dernier cas aux bébés et aux jeunes enfants de se  » salir un peu » pour éduquer les défenses de leur organisme.

Quelques pistes poursuivies par les scientifiques laissent entrevoir un peu d’espoir…
Ainsi, en 2013, des chercheurs sont parvenus à transformer chez des souris certaines cellules du pancréas en cellules productrices d’insuline. Ils étudient désormais les moyens de reproduire ce processus chez l’homme à l’aide de médicaments.

Par ailleurs, d’autres scientifiques mettent au point des nanoparticules injectables dans le corps et capables, à la fois et ce pendant une semaine, de détecter les niveaux de glucose dans le sang. Si besoin est, les quantités d’insuline nécessaires à une glycémie normale seraient injectées dans le sang. Cette nouvelle « insuline intelligente » éviterait pratiquement toutes les conséquences nuisibles de la maladie sur l’organisme.

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