ALM : D’après vous, que pourrait-on attendre, de manière globale, des Assises de l’Emploi?
Rachid M’Rabet : C’est une occasion pour tous les partenaires (gouvernement, syndicats, employeurs, associations universitaires, établissements bancaires, ANAPEC et structures d’accompagnement) de se retrouver pour réfléchir et dépasser les thérapies classiques de ce phénomène universel et de chercher par nos moyens propres, en conformité avec nos réalités et nos traditions sociales, nos capacités d’imagination et de résolution, à provoquer le sursaut collectif indispensable devant ce fléau «chômage » qui menace notre société.
Quelles sont les pistes qui vous paraissent les plus adaptées pour résoudre la problématique de l’emploi ?
Le chômage est intolérable et son traitement relève de notre responsabilité à nous tous. Pour résoudre cette problématique, il est certain qu’il faut miser sur son traitement économique qui repose principalement sur la croissance économique et bien entendu sur l’investissement.
Cependant, d’autres actions sont également à mettre en œuvre, comme par exemple : maîtriser la dépense publique pour alléger les charges des entreprises, renforcer l’appareil de production (par l’innovation, l’encadrement…), etc.
Au niveau des Assises, ce sont des mesures concrètes et d’effet presque immédiat sur l’emploi qui sont visées. Il s’agit, de l’ instauration d’un contrat premier emploi pour promouvoir l’emploi salarié, de l’appui à l’entrepreneuriat pour encourager la création d’entreprises ou encore d’une meilleure organisation du marché de l’emploi, etc.
Ne pourrait-on pas réfléchir, par exemple, à une initiative nationale comme les «Emplois Jeunes» lancés par le gouvernement Jospin ?
C’est sage de s’inspirer des autres initiatives lancées par d’autres pays, mais comme je vous ai dit nous devons nous interroger sur la singularité de notre situation caractérisée par un taux de chômage élevé des diplômés supérieurs et au taux de chômage de la population active et réfléchir en conformité avec nos réalités et nos traditions aux mesures adéquates à proposer.
L’ANAPEC est appelée à jouer un rôle de premier choix. Pourtant, son nom est associé dans l’imaginaire marocain au scandale d’Annajat. Ne vaudrait-il pas mieux en changer l’appellation ou revoir ses missions de fond en comble ?
Ne confondons pas les actions et les structures. L’ANAPEC en tant que structure va être ré-organisée et elle aura les moyens pour jouer un rôle très positif dans la promotion de l’emploi surtout au niveau régional. Du reste, l’une des mesures proposées prévoit la professionnalisation et la régionalisation de l’action de l’ANAPEC dans un cadre contractuel et aussi l’externalisation de certaines prestations de l’ANAPEC à des structures privées d’intermédiation dans le cadre d’un cahier des charges précis.
Il est aussi question de l’éternelle problématique des cursus inadéquats avec le marché de l’emploi. Quel est votre avis là-dessus. Que faut-il faire ?
La formation complémentaire pour l’emploi pour permettre aux chercheurs d’un premier emploi d’acquérir les compétences requises pour occuper des emplois identifiés est nécessaire ; la formation qualifiante ou de reconversion pour permettre aux chercheurs d’emplois d’acquérir les compétences requises pour occuper des emplois potentiels est impérative.
L’adéquation de certaines formations aux besoins du marché est une nécessité absolue et qui ne s’arrête pas. Le monde évolue, les besoins des entreprises et les formations doivent constamment chercher l’adéquation. Mais attention toutes les formations ne doivent pas être assujetties au marché et à la mondialisations !