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Nos infrastructures mises à nu par les premières pluies

© D.R

Il aura suffi qu’une petite semaine de pluies s’abattant sur les différentes régions du Royaume pour se rendre compte que presque rien n’a été fait pour éviter les scénarios catastrophiques des années passées. Entre routes coupées, ponts effondrés, affaissement des chaussées sur les canalisations des eaux usées ou encore des coupures d’électricité causées par les récentes intempéries, les infrastructures du Maroc sont mises à rude épreuve.
Depuis vendredi dernier, le Maroc connaît un temps pluvieux dû, selon la Direction de la météorologie nationale, au prolongement des perturbations atmosphériques dans l’ouest de l’Europe. Il faut dire que ces précipitations atteignant parfois les 100 millimètres n’ont pas été sans désagrément dans différentes régions du Royaume. A l’heure actuelle, les recherches se poursuivent pour connaître le sort de deux personnes qui tentaient de traverser un pont sur la route provinciale N°2009 reliant Marrakech à Amezmiz et qui sont portées disparues depuis mercredi matin après le débordement d’oued El Bahja, à proximité de Marrakech.
A Casablanca, le bilan demeure affligeant. Ce temps perturbé et instable et ces pluies continues ont causé l’effondrement de cinq habitations et les eaux ont submergé des zones entières. Pis, dans la nuit du lundi à mardi, deux personnes ont trouvé la mort et une troisième a été blessée suite à l’effondrement partiel d’une maison dans la préfecture Casa-Anfa. Dans la capitale administrative, le fort débit des chutes a été suffisant pour révéler les faiblesses des infrastructures. Plusieurs dégâts ont été enregistrés dans différents quartiers de la ville. Selon la Lydec, ces fortes pluies auraient causé, à Derb El Fokara, un affaissement de la chaussée sur une canalisation des eaux usées d’un diamètre de 400 mm. Chose qui a provoqué des retours des eaux usées chez les habitants du quartier. «La situation a partiellement été redressée à 02h00 du mardi 30 octobre», lit-on sur un communiqué. Au moment où nous mettions sous presse, ces travaux de réparation devraient être achevés.
Au-delà des longues coupures d’électricité qu’ont subies les habitants des villes d’El Jadida et de Mohammedia, ces pluies ont lourdement paralysé la circulation de quelques axes routiers. Un blocage a été constaté «au niveau des passages sous ponts ONCF, notamment le pont Ibn Yassine et la voie M6 à Mohammedia et au niveau de quelques points sensibles situés essentiellement sur la route d’El Jadida, la zone industrielle de Sidi Bernoussi, Sidi Moumen», apprend-on auprès de la Lydec. Quant aux habitants de la capitale, ils se sont, comme chaque année,  retrouvés bloqués suite aux débordements et stagnations d’eau sur la voie publique. Au niveau des gares, outre la perturbation de la circulation des trains dont l’ONCF s’est excusé dans un communiqué, les voies ont été totalement submergées par les eaux et l’infrastructure destinée à l’évacuation des eaux pluviales a montré ses limites et ses capacités.
Le réseau routier a, également, subi de gros dégâts, notamment au niveau des régions de Meknès, Agadir, Taourirt et Essaouira. Ainsi, d’importants axes routiers ont été coupés en raison des intempéries. Au total, pas moins de 16 routes nationales sont annoncées hors portée par le ministère de l’équipement et du transport. Contactée par ALM, la direction routière affirme que le débordement de oued Elbiad a complètement coupé la circulation sur la route nationale N°13 liant la ville de Meknès à celle de Ouazzane.
Le débordement de oued Souss aurait eu un impact sur la circulation au niveau des routes liant Agadir à Taroudant ainsi que Taourirt et oued Berhil.
Mis à part les grands dégâts matériels, les dernières inondations à Casablanca et qui remontent à 2010 avaient emporté pas moins de 35 personnes. Un rappel qui ne devrait pas passer inaperçu chez les autorités qui devraient anticiper ce genre de drame et inclure des mesures draconiennes dans tout schéma directeur d’aménagement urbain. A bon entendeur.

Bilan des précipitations du 1er septembre au 31 octobre
Au cours de cette semaine, le Maroc a connu d’importantes chutes de pluies qui ont renforcé le bilan pluviométrique pour l’année agricole en cours.  Les pluies les plus importantes ont surtout touché le Souss-Massa et les régions  de la Chaouia-Doukkala avec un bilan par rapport à la normale cumulée dépassant les 500% à la date du 1er novembre 2012. Viennent  ensuite les régions des Haut et Moyen Atlas, l’Ouest des régions sahariennes avec un bilan d’environ 200%. La région du Gharb et les plateaux phosphatiers et Oulmès ainsi que le Haouz ont connu des cumuls variant entre 150 et 200%. Les régions du Tangérois, le Rif et l’Oriental ont connu des bilans positifs entre 50 et 100%. Un faible déficit persiste toutefois sur l’extrême nord du Rif et sur les versants Sud-Est du pays et varie entre 5 et 20%.

Barrages : Un taux de remplissage de 57,2% au 1er novembre.
Un record. Les retenues des principaux barrages du Royaume sont passées en l’espace de deux jours (du 30 octobre au 1er novembre) de 8,54 milliards de m3 (MM m3) à 9,04 MM m3, soit près de 500 millions de m3 (+5,81%) suite aux importantes précipitations qui se sont abattues ces derniers jours sur le Royaume. Les principaux barrages ont ainsi enregistré un taux de remplissage de 57,2% à la date du 1er novembre, contre 65,9% à la même date de l’année précédente. Les réserves hydriques de certains barrages ont enregistré un taux de remplissage de 100% dont Imfout (passé de 86,6 à 100%), Mokhtar Soussi (passé de 75,9 à 100%) et Ahl Souss (passé de 89 à 100%), selon le ministère de l’energie, des mines, de l’eau et de l’environnement. Certains barrages se sont inscrits en hausse, dont Bab Louta (44 à 77,7%), Allal El Fassi (71,4 à 91,2%) et Bouhouda (de 77,7 à 92,9%). D’autres barrages ont pu conserver leur niveau optimal avec un taux de remplissage de l’ordre de 100%, notamment Sidi Said Maâchou et Aït Messaoud.

Casablanca dans le top 6 des villes méditerranéennes les plus exposées aux inondations
Casablanca  serait  l’une des  six villes méditerranéennes les plus exposées aux inondations dues aux tempêtes, au réchauffement climatique, à la hausse du niveau de la mer ainsi qu’à  la subsidence du sol. Ces prévisions alarmantes sont la conclusion d’une étude de  l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) qui a été approfondie par le PPRD South (Programme for the Prevention Preparedness and Response to Natural and Man-Made Disasters).
Si l’on se base sur cette étude, sur les  3.138.000 habitants de Casablanca, la métropole occupe la quatrième place dans le classement des villes les plus exposées aux risques d’inondations. Cette étude dont l’agence italienne Ansamed a dévoilé certains résultats démontre que  que 14 villes portuaires méditerranéennes de plus de 1 million d’habitants sont de plus en plus exposées aux risques d’inondations. A Casablanca le coût des biens exposés avoisine 1 milliard d’euros.
 La menace est de moindre envergure à Rabat ou les éventuelles pertes sont en deçà des 500 millions d’euros. Les perspectives sont alarmantes. D’ici 2070, cette population exposée pourrait approcher la barre des 20 millions à cause notamment des changements climatiques, la croissance de la population et l’urbanisation. Aussi, « les biens exposés de ces 14 villes portuaires méditerranéennes pourraient augmenter moins sensiblement, jusqu’à environ 40 milliards d’euros en 2070».
En outre, d’ici à 2070, les analystes avertissent que la population exposée au risque pourrait plus que tripler. 88.000 Casablancais seraient ainsi menacés dans leur vie et leurs biens.
Un risque qui pèse lourd et qui nécessite un réel chamboulement dans les planifications urbaines qui demeurent insuffisantes ou incontrôlées.

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