De l’avis des observateurs de la chose politique, Ahmed Osman est le seul leader politique de la majorité a avoir mal négocié la participation de son parti dans le gouvernement Jettou. Comment le président du RNI en est-il arrivé là ? A-t-il péché par résignation ou lassitude laissant à Driss Jettou le soin de choisir les candidats aptes à figurer dans son équipe ? M. Osman, lui, se défend comme il peut face à l’exaspération des siens en arguant qu’il a remis au Premier ministre une liste de 30 ministrables auquel il a rajouté sept autres dans un deuxième temps ? A-t-il défendu la candidature de certains au détriment d’autres ? Personne ne sait puisque l’intéressé soutient mordicus qu’il n’a pas été associé au choix ni des portefeuilles ni de leurs titulaires. Une ligne de défense qui après coup semble arranger ses affaires. Ce qui est sûr par contre, c’est que le patron du RNI a appuyé sa propre candidature comme ministre des Affaires étrangères allant même jusqu’à remettre à M. Jettou son Curriculum vitae ! Ambition bien sûr contrariée.
L’intéressé en a-t-il conçu une amertume qui l’a conduit à se désintéresser du sort de ses hommes pressentis au gouvernement ? Les heureux élus l’ont-ils été par défaut?
Déroutant Ahmed Osman. Il n’a fait finalement que des mécontents. Même son bras droit Mohamed Bentaleb, fidèle entre les fidèles, est furieux. Il a cru jusqu’au bout qu’il allait être cette fois-ci ministre. Les foudres que l’ex-Premier ministre s’attire aujourd’hui renseignent sur la nature du Rassemblement qu’il a créé en 1977.
Un parti qui est resté, au fil des ans, une machine à égrener les votes et à gagner les élections au moment où des partis dits d’administration ont subi un laminage progressif.
Cette performance électorale qui ne s’est jamais démentie est moins le fait du parti en tant que structure homogène avec des instances et des courants qui fonctionnent normalement que d’une somme d’individualités pour la plupart de riches notabilités ancrées et influentes dans leur fief. Nanties moins en savoir politique qu’en avoir concret, ce sont ses individualités qui sont entrées en conflit direct avec le chef, se sentant en devoir de réclamer une récompense en portefeuilles ministériels pour les sièges parlementaires qu’elles ont décrochées pour le parti et les sacrifices matériels consenties pour faire du RNI ce qu’il est aujourd’hui. C’est toute la subtilité de la guerre déclenchée contre Ahmed Osman. Une guerre menée non pas par l’appareil du parti mais par des individus en mal de ministrabilité. Le pouvoir de l’argent, ils l’ont ; il ne leur manque que l’apparat gouvernemental. Ahmed Osman a fait des ministres : Taïeb Bencheikh, Aziz Houcine, Mohamed Benaïssa et d’autres. Les représentants de la nouvelle garde qui ont longtemps attendu pour prendre du grade ne comprennent pas pourquoi de nouveaux venus qui en plus ont donné peu ou rien du tout au parti ont accédé au gouvernement et pas eux, qui ont payé de leur temps, de leur poche et même de leur personne.
Ahmed Osman n’en est pas à sa première levée de boucliers. Il a déjà eu à affronter par le passé la révolte de son entourage. Mais à chaque fois, il a su manoeuvrer habilement. La dernière contestation en date, menée par Abderrahmane El Kohen, a débouché en 2001 sur une scission d’avec un RNI qui se confond avec la personnalité de son fondateur. “ Ahmed Osman a perdu son charisme et sa pugnacité. Il doit partir“, tranche un membre influent du parti. Mais pour être remplacer par qui ?