Dans les villes de Bouira et de Naciria, les manifestants ont attaqué des locaux commerciaux publics et privés, saccagé des biens publics et détruit des poteaux électriques et de signalisation. A Bouira, des véhicules de police ont été la cible de jets de pierres de la part des manifestants qui ont blessé cinq membres des forces de sécurité. Une grève a paralysé les commerces tandis que les établissements scolaires sont restés fermés. Des jeunes ont barré la route avant d’enflammer des pneus, selon des habitants de cette région. La manifestation qui a regroupé 5.000 personnes a vite dégénéré en émeutes. Les jeunes ont jeté des pierres en direction des symboles de l’Etat (tribunal, gendarmerie), à l’origine, selon eux, de tout le marasme économique et social qu’ils vivent au quotidien. Ils s’en sont également pris aux devantures des magasins et aux lampadaires, avant d’être repoussés par un impressionnant dispositif de sécurité. Les jeunes ont alors décidé de faire dans la provocation, jetant des pierres en direction des représentants de l’ordre public.
Autre sujet « chaud », c’est la revendication renouvelée samedi par les aârchs (tribus), fers de lance de la contestation en Kabylie, de faire du 12 janvier, correspondant au nouvel an berbère, une journée fériée en Algérie. Une manifestation largement suivie. Selon les mêmes sources, dès les premières heures de la matinée, les collégiens et les lycéens qui ont quitté leurs établissements ont rejoint les premiers manifestants qui se sont regroupés devant le stade communal de Bouira, lieu de départ de la marche. A l’arrivée des manifestants venus des autres communes berbérophones, ainsi que des délégués de Boumerdès et de Béjaïa, la procession s’ébranla vers la place des Martyrs en scandant des slogans hostiles au pouvoir : «pouvoir assassin».
Samedi, un peu partout en Kabylie, des expositions artistiques, des conférences et des galas ont été consacrés à cette célébration, à l’initiative des aârchs qui ont également appelé à la grève et à des manifestations.
Des jeunes ont barré des routes et enflammé des pneus à Mchedallah, près de Bouira (120 km au sud-est d’Alger) et Nacéria, près de Tizi Ouzou (110 km à l’est d’Alger), selon des habitants de ces régions. La décision de faire du nouvel an berbère une «journée chômée et payée » avait été prise le 28 décembre lors d’une réunion à Sidi Aïch, près de Béjaia (260 km à l’est d’Alger). Ce nouvel an, appelé en tamazight « yennayer », n’a jamais dépassé, jusqu’à présent, le stade d’une simple célébration populaire.