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Les centres de rétention, nouvelle polémique sur l’immigration

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Au moment où Nicolas Sarkozy tentait passionnément de calmer les envies de guerre au Proche-Orient, un incendie dans un centre de rétention pour immigrés clandestins à Vincennes, provoquant la mort d’un Tunisien, donnait lieu à un brûlant débat qui risque de remettre en cause l’ensemble de sa politique d’immigration. L’incident tombait aussi extrêmement mal pour le ministre de l’Immigration Brice Hortefeux qui venait de publier avec une fanfaronnade non dissimulée des chiffres de son bilan au rendez-vous avec le plafond chiffré de clandestins à expulser fixé par Nicolas Sarkozy. L’incendie de Vincennes venait brusquement de jeter un impitoyable éclairage sur les conditions difficiles dans lesquelles la politique de Brice Hortefeux est quotidiennement menée. L’opinion française découvre brusquement l’ampleur des ces centres de rétention surpeuplés. La polémique prend plus d’épaisseur car l’incendie et la mort du citoyen tunisien interviennent au moment même où le Parlement européen de Strasbourg adopte la fameuse directive «Retour». Parmi ses points les plus sensibles, se trouve l’allongement de la durée de rétention légale à 18 mois alors qu’elle n’est que de 32 jours en France.  Le gouvernement de François Fillon et la majorité présidentielle étaient extrêmement gênés par cet incendie et le drame qui l’a accompagné. Cela jetait un minimum d’une ombre interrogative sur la gestion hasardeuse et souvent inhumaine de ces centres. Juste à la veille de la présidence française de l’Union européen au cours de laquelle Paris compte faire adopter par l’ensemble des membres l’Union «un pacte européen d’immigration». La tentation était donc grande ou de verser dans la dénégation en minimisant l’ampleur du drame d’élever un rideau de fumée pour cacher ses parties les moins reluisantes. C’est ce que semble avoir tenté le porte-parole de l’UMP, Fréderic Lefébvre ne mettant la responsabilité de cet incendie sur le dos des associations de défense d’immigrés clandestins comme «Réseaux Eduction Sans Frontières» RESF en mettant en avant «la chronologie des faits: 15h25 manifestations non déclarées à proximité immédiate du CRA (Centre de rétention administrative), 15h45 constatation des départs de feu». Frédéric Lefebvre enfonce le clou : «Que faisait un collectif comme RESF devant le CRA de Vincennes, quel était le but recherché par ses dirigeants si ce n’est créer de l’agitation et semer le trouble parmi les retenus?».
Cette accusation inédite a relancé la polémique de plus belle. Le réseau RESF incriminé par le porte-parole de l’UMP tente, pour sa défense, de recadrer le débat : «le véritable scandale n’est pas que quelques centaines d’hommes désespérés aient incendié leur prison. Il est dans leur internement administratif, prélude à leur expulsion».
Plutôt que de détourner l’attention, la sortie de l’UMP sur le drame de Vincennes a fait réagir les forces de gauche comme le Parti socialiste qui s’en prend à la politique d’immigration du gouvernement qui «au prétexte de la maîtrise nécessaire des flux migratoires, mène une action centrée sur la course aux chiffres au mépris des valeurs républicaines et de la dignité humaine». Le Parti communiste dénonce quant à lui «une désastreuse politique du chiffre ou l’essentiel est toujours plus de s’acharner sur les sans-papiers coûte que coûte, l’humanitaire devenant quantité négligeable».  Observant un long silence depuis le départ du feu dans ce centre de rétention, le Premier ministre François Fillon s’est exprimé sur le sujet : «On a échappé dans cet incendie à un drame humain qui aurait pu être catastrophique (…) C’est un incendie d’origine criminelle et ceux qui l’ont initié seront poursuivis par la justice». Les centres de rétention cristallisent le débat sur l’immigration en France.  La stratégie de défense choisie par Brice Hortefeux est de dire, tout en affirmant que la durée maximale de rétention resterait de 32 jours, que ces fameux centres de rétention administrative sont une création de la gauche, en 1984 sous la présidence de François Mitterrand avec un gouvernement socialiste et communiste et d’expliquer en direction de ceux qui décrivent ces CRA comme des gigantesques prisons : «Dans les CRA, on peut téléphoner, on peut circuler librement, ce qui n’est pas le cas en prison (…) en France, ces centres sont ouverts aux associations humanitaires, aux parlementaires qui peuvent constater la situation».

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