Un coup de jeune pour « le machin », comme devait l’appeler le général Charles de Gaulle. Un plan de réforme de l’Organisation des Nations unies vient d’être soumis par son secrétaire général, Kofi Annan, à l’approbation des Etats membres. Dans une récente déclaration à la presse, M. Annan a affirmé que les règles et les systèmes, ainsi que la culture de l’ONU, devaient «être profondément revus pour que l’Organisation soit en mesure de répondre aux attentes et aux demandes de plus en plus importantes de la communauté internationale». Un «scénario» en plusieurs actes pour dérouiller les rouages d’une organisation qui a prouvé, à qui veut bien voir, qu’elle avait de la peine à s’adapter aux vents féroces de la mondialisation. Preuve, si besoin est, est cette absence remarquée d’un système d’archivage et de recherche des informations produites par l’ONU. Techniquement dépassée, l’Organisation a aujourd’hui fort à faire pour se connecter aux «autoroutes de l’information». Pour y remédier, est-il proposé, l’ONU devrait «entreprendre d’urgence la modernisation des systèmes informatiques». Un poste de haut responsable de l’informatique devrait être créé, il serait chargé de mettre en place une véritable stratégie de communication destinée à alimenter en informations les Etats membres, sur les actions entreprises par l’ONU sur la scène internationale. Au-delà de la communication, l’ONU est appelée à procéder à une mise à niveau de son capital humain. «Les compétences des fonctionnaires de l’ONU ne répondent plus aux besoins d’aujourd’hui», fait-on constater. À souligner que le système actuel exclut l’intégration du personnel recruté pour des missions de terrain, ce qui explique le règne de la gestion bureaucratique d’une Organisation appelée, par la nature de sa tâche, à faire preuve de mobilité pour remplir ses missions de paix dans les quatre coins du monde. Autre preuve de cette bureaucratie, l’absence de délégation des pouvoirs qui sont globalement concentrés entre les mains du secrétaire général. Aussi propose-t-on de redéfinir les attributions du vice-secrétaire général en lui déléguant officiellement le pouvoir et la responsabilité de diriger et d’administrer les activités opérationnelles du secrétariat. En tant que chef de l’Administration, le SG, note-t-on, «a trop de collaborateurs relevant directement de son autorité». Concernant le budget et les finances, le système est aussi lent qu’obsolète. Le manque de délégations de pouvoir en matière financière est, là encore, montré du doigt. Sur le plan politique, la faiblesse de l’ONU est déconcertante. Cette faiblesse a éclaté au grand jour, à la veille de l’invasion anglo-américaine de l’Irak. Face aux menaces de guerre, ajouté à l’acharnement hystérique des illuminés du Jihad, l’ONU a hélas donné la pleine mesure de son incapacité. D’où la nécessité, pour l’Organisation, de revoir ses «cartes» pour contrecarrer l’hégémonie américaine et sa politique va-t-en-guerre. Au-delà du besoin impérieux de mise à niveau administrative, l’ONU est appelée à jouer pleinement son rôle dans la préservation de la paix mondiale. C’est l’objectif pour lequel elle fut d’abord créée au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.