Société

Courrier des lecteurs : Le regard vigilant de Lakhmari

© D.R

«Le regard» est le titre du dernier long-métrage du réalisateur Nour Eddine Lakhmari. En fait il s’agit de deux regards, l’un est celui du photographe Albert Thuès, incarné par Jacques Zabor qui dénonce le sentiment de mépris que ressent ce dernier envers les siens, ces soldats qui s’acharnent à semer la terreur dans un village situé au Sud du Maroc; en tuant et infligeant les pires sévices aux résistants marocains et en violant les femmes. L’autre est celui de Aissa le résistant amazigh joué par Khalid Benchagra qui n’a pas pipé mot durant sa détention même avec son compatriote Rafiq Bakr et garde un silence horrible qui dérange trop les colonialistes ;un regard qui exprime la douleur et la haine. C’est sur ce regard que le réalisateur a mis l’accent pour faire passer ses messages et faire réagir le photographe hanté par des moments forts marqués par la violence et sensible à ce qu’ont enduré les détenus devant ses yeux : ce qui a marqué sa vie à jamais.
Lakhmari a aussi essayé de faire ressortir le côté humain de ce Français qui ne ressemble pas beaucoup à ses collègues, car il témoigne une solidarité dissimulée au fond de lui, jouant sur le flash-back. On retrouve Albert sur place à la recherche des clichés qu’il avait pris lors de sa mission. Il rencontre Reda (Abdallah Didane) un jeune photographe dans un petit et modeste studio. Serviable , il se met lui aussi à la recherche des photos coloniales et trouve en Albert un soutien moral pour conquérir sa bien- aimée la belle danseuses Aïda (Keltoum Hajjami) qui ne se soucie guère de sa présence et ne voit en lui qu’un pauvre type. Albert lui donne donc l’opportunité de la capter dans des poses plus séduisantes avec son appareil ;ce qui fera plaisir à cette dernière et changer d’avis envers celui qui n’a jamais pu lui avouer sa flamme.
L’idée de l’histoire du regard n’est que le sentiment de la culpabilité chez le photographe Albert qui a dissimulé la réalité et ne l’a jamais avouée ; faute de preuves, primé comme meilleur photographe de la guerre, il se sent encore plus coupable et pour faire preuve de sincérité et retrouver le salut, il doit ajouter ces prises et les exposer à Paris seul, moyen d’apaiser ses remords.
Lakhmari a marqué son retour au bercail par des courts-métrages qui ont fait parler de lui la presse et les critiques nationaux et internationaux dans le bon sens après avoir sillonné le monde des festivals de cinéma et en être sorti avec de bons points. Une expérience assez riche, qui lui a valu le passage à une autre étape de la création ; celle du long-métrage.
On retrouve facilement les touches personnelles du réalisateur notamment le lieu de tournage qui n’est que la capitale de la sardine : Safi sa ville natale. Une nostalgie d’un Safiot revenant du pays du froid, la Norvège, peut-être aussi à la recherche des rayons de soleil et de la chaleur humaine marocaine ; les verres de thé et les beignets.

Amina Barakat
Rabat

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