Vendredi 31 mars 2006, avenue Hassan II à Rabat. Un immeuble abritant cinq familles et deux commerces s’est effondré partiellement. Heureusement, aucun mort n’est à déplorer. Cependant, le bâtiment menace ruine. Les sinistrés, qui se sont retrouvés du coup sans logement, accusent le promoteur du projet de construction de l’immeuble mitoyen d’être le responsable de ce sinistre. "L’effondrement de l’immeuble est causé par les travaux du chantier mitoyen. Les responsables sont les promoteurs du projet. L’entreprise a commencé les travaux sans avertir les parties concernées et sans prendre les précautions nécessaires pour la sécurité des gens", affirme Aziz El Ouali, fils de l’un des sinistrés. Et d’ajouter : "Les habitants se sont retrouvés à la rue sans papiers, ni documents ni affaires personnelles. Deux familles habitent actuellement chez leurs enfants, les trois autres logent dans des petits hôtels de la ville. C’est une situation inhumaine". Les familles sinistrées réclament au promoteur des indemnisations.
Contacté par ALM, le promoteur Larbi El Oufir et consorts, assure que "toutes les précautions de sécurité ont été prises" avant d’indiquer que "les travaux ont été entrepris en respectant les règles de l’art les plus élémentaires et que les différentes parties concernées ont été avisées".
"On ignore toujours l’origine de l’effondrement de l’immeuble. On ne sait pas si la cause est l’âge du bâtiment ou les travaux du chantier de la construction mitoyenne. Dans ce cas, il n’est pas question de verser des indemnisations tant que les responsabilités n’ont pas été définies", souligne Larbi El Oufir.
Par ailleurs, un rapport d’expertise établi par le bureau de contrôle Tecnitas et le bureau d’études STAR GET chargés des études et contrôle du projet de construction, qui se sont déplacés sur les lieux du sinistre le 1er avril 2006 pour définir les causes techniques de l’effondrement du bâtiment, met en cause les travaux de construction de l’immeuble mitoyen. "Les travaux ont été entrepris sans ouverture officielle du chantier par l’architecte et la maîtrise d’œuvre technique. Les terrassements de la construction ont été réalisés sans l’accord préalable, ni avis technique du bureau d’études et bureau de contrôle", lit-on dans ce document qui atteste que "les travaux de terrassement ont été exécutés d’une manière ne répondant pas aux règles de l’art les plus élémentaires à savoir maintenir une bande de sécurité périphérique et adjacente au mitoyen, jouant le rôle de blindage ainsi que de procéder à l’exécution par phases successives de 2 à 3 mètres du mur du sous-sol et des fondations de l’immeuble à construire".
Vendredi 7 avril, les sinistrés et leurs familles ont observé un sit-in devant l’immeuble en ruine en guise de protestation. L’affaire est actuellement entre les mains de la justice.