Société

La piste Al Qaïda se confirme

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L’enquête sur les attentats meurtriers de Madrid se poursuit et semble se diriger, de jour en jour, vers la piste étrangère, arabe et islamiste.
Après l’arrestation des trois Marocains et des deux Indiens, l’enquête est pratiquement dans une situation de point mort. Ces cinq personnes ont été détenues pour leur implication présumée dans la vente et la falsification du téléphone portable et des cartes à puces découverts dans un sac de voyage piégé qui n’a pas explosé le 11 mars.
Les Marocains arrêtés ont un casier judiciaire vierge. Leur connexion éventuelle avec les terroristes, coupables des attentats de Madrid qui ont coûté la vie à plus de 200 personnes, n’a pas été prouvée. Même si l’un des Marocains arrêtés, Jamal Zougam, porte le même nom qu’un homme mentionné, il y a quelques mois, par le juge anti terroriste, Baltasar Garzon. Zougam, soupçonné de lien avec les attentats du 16 mai de Casablanca, aurait contacté, au téléphone, six jours avant les attentats du 11 septembre 2001 à New York, Imad Eddin Barakat, connu sous le nom d’Abou Dahdah, décrit comme le chef d’Al Qaïda en Espagne.Le nom de Jamal Zougam a été cité, pour la première fois, dans la procédure française dite des filières afghanes, dont les membres présumés doivent être jugés demain à Paris.
L’enquête diligentée par les autorités françaises avait établi que l’une des personnes poursuivies, David Courtailler, un Français converti à l’Islam, avait été en contact avec le dénommé Jamal Zougam. Ils se seraient rencontrés à Madrid, en novembre 1998. Au cours de ses multiples voyages, Courtailler aurait même séjourné au Maroc. Les autorités françaises ont ainsi demandé à leurs homologues espagnoles de creuser là-dessus. C’est ainsi que le juge Garzon a effectué, en juillet 2001, une perquisition dans le domicile de plusieurs suspects dont Jamal Zougam, où plusieurs documents compromettant auraient été saisis. Mais en fin de compte, Garzon n’a retenu aucune charge contre Zougam.
Lors d’une conférence de presse, le ministre espagnol de l’Intérieur, Angel Acebes, avait indiqué qu’un ou plusieurs de ces suspects pouvaient être liés à des activistes marocains mais qu’il était prématuré de l’affirmer avec certitude.
En fait, les enquêteurs semblent confondre entre deux situations totalement distinctes. D’une part, le fait que des MRE se côtoient et se rencontrent dans des mosquées, et le fait de planifier une attaque terroriste. C’est la raison pour laquelle la présence de sécuritaires marocains en Espagne et d’experts espagnols à Rabat a été jugée indispensable. En attendant, les enquêteurs espagnols continuent à privilégier la piste marocaine.
Le Maroc serait même « une base arrière » où l’attentat du 11 mars aurait été complètement planifié. Selon des informations divulguées par le CNI (services de renseignement espagnols) et le Sismi (services de renseignement italiens) à la presse espagnole et italienne, la tête pensante des attentats de Madrid serait un colonel irakien, ancien responsable des Moukhabarat (services de renseignement irakiens). Ce colonel se serait installé au Maroc, il y a un mois et demi environ, en provenance d’Irak, via la Syrie. D’ici, il serait entré en contact avec des groupuscules islamistes marocains pour la préparation des attentats de Madrid. Le colonel irakien, dont l’identité n’a pas été divulguée, séjournerait toujours au Maroc.
Ces informations soulèvent la question de l’étendue de la coopération entre les séquelles du Baâthisme et les activistes islamistes d’Al Qaïda. Le premier étant, d’un point de vue idéologique, foncièrement opposé aux thèses islamistes. Ceci étant, les enquêteurs espagnols affirment ne vouloir occulter aucune hypothèse, même si l’implication, ne serait-ce que symbolique, de l’ETA semble être définitivement écartée.
Par ailleurs, un autre pays où la communauté marocaine est fortement implantée est, lui-aussi, sur la liste des pays européens sérieusement menacés par un attentat terroriste. Il s’agit de l’Italie. Les services de renseignement israéliens, le Mossad, ont prévenu les autorités italiennes d’une éventuelle attaque terroriste sur leur sol. D’ailleurs, le Mossad aurait, selon le journal italien « Il Messaggero », informé les Espagnols de l’attaque terroriste, « vingt jours avant le massacre du 11 mars ».
Décidément, les affaires de terrorisme semblent coller à la peau des citoyens marocains installés en Europe.

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