Société

Le retour d’une grande dame

© D.R

Mme Soukaina Bent Loud, première épouse de Feu Mohamed Khatri Ould Saïd El Joumani, peut enfin respirer l’air de la liberté après près de 30 ans de séquestration. Malheureuse «performance» pour cette femme qui a dépassé aujourd’hui les 80 ans, elle figure parmi les «vétérans» des Marocains séquestrés par les mercenaires du Polisario. Titre dont elle se serait d’ailleurs bien passée si cela ne dépendait que d’elle. L’autre «performance», ignoble et inhumaine, est celle des geôliers de Tindouf qui ont réalisé l’«exploit» de maintenir prisonnière, durant trois décennies, une femme loin de ses enfants, des siens et, de surcroît, non-voyante.
Tout cela relève désormais du passé et pour Soukaïna Bent Loud et pour les siens, les joumani, occupés depuis le mercredi 22 juin dernier à recevoir les félicitations des tribus sahraouies comme le veulent les us et coutumes ancestrales de nos concitoyens du Sahara. Quand ce n’est pas le cas, Soukaïna passe son temps entre ses enfants et surtout ses petits-fils qui ne l’ont d’ailleurs jamais connue comme nous l’affirme Khettar Ould Mohamed Mouloud Joumani joint à Laâyoune par ALM. Que d’affection à rattraper pour ce jeune homme de trente ans qui avait à peine quatre mois au moment où les polisariens l’ont privé de sa grand-mère paternelle !
Le calvaire de Soukaïna Bent Loud a commencé quelque temps après la Marche Verte au moment où, dos au mur, les mercenaires du Polisario s’en prenaient à de paisibles citoyens isolés, ne faisant pas de différence entre enfants, femmes ou vieux dans leurs sinistres rafles.
Privée de l’usage de ses yeux depuis les années 1950, Mme Bent Loud se trouvait le jour de son enlèvement dans les environs de Laâyoune en compagnie des domestiques de la famille chargés de garder les troupeaux de chameaux. Elle sera, elle s’en souvient encore, enlevée avec plusieurs de ces derniers à bord de voitures tout terrain (Land Rover) et emmenée dans les camps du Polisario à Tindouf sur le sol algérien. Le fait qu’elle soit non voyante aura largement facilité l’ignoble besogne à ses ravisseurs.
Mme Bent Loud a été maintenue en détention durant trente ans au sinistre camp «Esmara». en plus de son handicap qui rendait inimaginable toute tentative individuelle d’évasion, elle a «bénéficié» d’une surveillance spéciale. Normal, nous dit l’un de ses proches, puisque les mercenaires savaient ce que représentait Mohamed Khatri Ould Saïd El Joumani, le valeureux homme pour qui la marocanité du Sahara relevait des choses indiscutables. Ce «statut» n’aura d’ailleurs en rien favorisé Soukaina Bent Loud pour arracher quelque traitement spécial et elle ne pouvait compter que sur la disponibilité des autres personnes séquestrées pour l’aider dans sa vie quotidienne. Les siens ont longtemps planifié son retour, mais en vain. Quinze jours après son retour au Maroc, Soukaïna Bent Loud a pu se déplacer en Mauritanie pour la première fois. Cela signifiait aussi assez de temps pour préparer son ralliement par ses trois fils en coordination avec l’ambassade du Maroc. Mercredi 23 juin, de nuit, ce sont Mohamed Ali, Mohamed et Mohamed Mouloud, ses trois fils, qui iront la chercher au point le plus proche des frontières, vers Zouirate, à bord d’un véhicule tout terrain. Soukaïna Bent Loud est de retour parmi les siens. Mohamed Khatri Ould Saïd El Joumani, lui, est décédé en 1993 sans avoir réalisé un de ses vœux les plus chers  : revoir sa première femme.

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