L’OMDH (Organisation marocaine des droits de l’Homme) vient de boucler son rapport alternatif au troisième rapport présenté par le gouvernement au sujet de l’application du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels. Selon les responsables de cette ONG, ce rapport alternatif, deuxième du genre à être préparé par l’OMDH, sera remis au cours de cette semaine à l’instance onusienne chargée des droits de l’Homme à Genève. Dans ce rapport, rédigé par une équipe menée par Abdeslam Seddiki, l’OMDH relève que le Maroc a incontestablement déployé, aux cours des dernières années, de louables efforts pour subvenir aux besoins sociaux et réduire les inégalités entre milieu rural et milieu urbain, mais aussi pour réduire inégalités et discriminations entre femmes et hommes. L’OMDH rappelle, en guise d’exemple pour cette évolution, la constante évolution des dépenses affectées aux secteurs sociaux et qui sont passées de 39% du budget général en 1993 à plus de 50% actuellement. Toutefois, l’ONG présidée par Amina Bouayyach demande au gouvernement de persévérer sur cette voie pour notamment accélérer la cadence du désenclavement du milieu rural et de la lutte contre la pauvreté.
Dans les autres domaines, faisant l’objet des dispositions du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, l’OMDH juge que l’action gouvernementale n’a pas été "concluante". C’est le cas, note l’ONG, pour l’égalité entre les femmes et les hommes nécessitant la mise en place d’un mécanisme institutionnel de suivi. L’ONG demande aussi que l’approche genre doit être observée dans tous les programmes de développement gouvernementaux et surtout lors de la préparation des lois de Finances. Pour ce qui est du travail, et malgré les avancées enregistrées, l’OMDH relève plusieurs lacunes dont les licenciements abusifs et le paiement de salaires au-dessous du SMIG. Elle insiste surtout sur l’écart, "injuste et injustifié", entre le SMIG et le SMAG (salaire minimum dans le secteur agricole). L’OMDH se fait encore plus critique quant au volet de l’éducation relevant, entre autres, que les efforts accomplis sur le plan quantitatif n’ont pas été accompagnés par des efforts similaires sur le plan qualitatif. Plus grave encore, relève l’OMDH, le nombre des inscrits au préscolaire est en nette baisse alors que la généralisation de l’enseignement primaire n’est toujours pas au rendez-vous puisque 500.000 enfants se trouvent actuellement en dehors de tout circuit. L’OMDH épingle également le gouvernement sur le volet de la culture affirmant que cette dernière est toujours perçue comme un "luxe" avec un budget d’à peine 200 millions DH. Pour tout le secteur, promotion de la culture amazighe comprise, l’OMDH appelle le gouvernement à fournir les moyens nécessaires, tant humains que matériels. Car "Il ne suffit pas de garantir la diversité culturelle et le droit à l’exprimer", lit-on dans ce rapport alternatif de l’OMDH. Ce dernier est une "réplique", la deuxième du genre, au rapport gouvernemental, le troisième du genre après ceux de 1994 et 1998.