Le projet de création d’une unité d’incinération des déchets médicaux à la municipalité des Ouled Abbou, dans la province de Settat, suscite une contestation très vive. Plusieurs voix s’élèvent pour protester contre ce projet, adopté en session extraordinaire du Conseil municipal des Ouled Abbou, tenu au cours de ce mois d’avril 2006.
Une commission de coordination constituée par des représentants de partis politiques (Parti Socialiste Unifié, Parti de l’avant-garde démocratique et socialiste), d’associations locales ("La paix sociale", "Association Ouled Abbou pour le développement", "Amical Fath social" et "Amical Soical Sedk") et de militants des droits de l’Homme (AMDH), créée récemment, proteste et se mobilise pour empêcher la mise en place de cette unité de traitement des déchets médicaux dans la région.
Cinq membres élus du Conseil municipal ont en outre rejoint les rangs des protestataires.
"Si ce projet voit le jour, la région de Settat en souffrira mais également les régions avoisinantes, notamment toute la population de la ville de Casablanca. C’est une catastrophe sur tous les plans. Il est avéré que ce genre d’usine a des répercussions désastreuses sur l’environnement, la santé des habitants et les animaux à cause des éléments chimiques et toxiques produits", s’indigne Omar Naoui, coordinateur de la commission de coordination pour la défense de l’environnement. Ce militant, au sein de la section du Parti Socialiste Unifié (PSU), affirme que "le président du Conseil municipal refuse de donner des informations exhaustives sur le dossier". Ce qui a provoqué, estime-t-il, des inquiétudes bien compréhensibles au sein de la population de la région.
Les opposants au projet critiquent surtout la façon dont le projet a été adopté par le Conseil municipal. "Nous n’avons pas eu le temps d’étudier le dossier relatif à la construction d’une unité d’incinération des déchets médicaux à Ouled Abbou. Nous étions pris de cour.
Le président du Conseil municipal a évoqué une session extraordinaire pour voter le projet. On nous a informés que ce sont des investisseurs italiens qui veulent créer cette unité. Pas plus ni moins. Cinq membres élus du Conseil ont refusé de voter en faveur du projet", déclare Abderrahim Rahhal, membre du Parti de l’Istiqlal, élu du Conseil municipal des Ouled Abbou.
Dans un communiqué, les opposants au projet expliquent que "la construction d’une unité d’incinération des déchets médicaux constitue une menace aussi bien pour l’Environnement que pour la santé de la population". "Selon des médecins, les éléments toxiques qui seront produits par cette usine contribueront à l’apparition de plusieurs maladies dangereuses comme la tuberculose, l’asthme et les pathologies dermatologiques", lit-on dans ce document.
Cet avis n’est pas partagé par le président du Conseil municipal des Ouled Abbou, Haïni Arabi. "Si le projet présentait quelconque danger pour la région, nous ne l’aurions pas accepté.
Il faut noter que nous sommes les premiers défenseurs de l’environnement. Par ailleurs, il ne s’agit pour le moment que d’un accord de principe pour la construction de cette unité en attendant que la commission nationale du ministère de l’environnement effectue une étude sur le sujet", tient-il à souligner. Et d’ajouter :"La région des Ouled Abbou souffre depuis une trentaine d’années sinon plus de négligence.
Le taux de chômage est très élevé. Et nous avons besoin de projets générateurs de revenus".
Par ailleurs, les contestataires du projet sont déterminés à poursuivre leur mouvement de protestation. Ils ont adressé des lettres de doléances aux différentes institutions nationales notamment le ministère de l’Aménagement du territoire, de l’Eau et de l’Environnement, le ministère de la Santé et le ministère de l’Intérieur. Leurs missives sont restées sans suite.