Bien que battue par la Suède 2-0, l’équipe de France a réussi mardi son objectif minimal à l’Euro-2012 en se qualifiant pour les quarts de finale mais cette défaite a de lourdes conséquences pour les Bleus, désormais obligés de se coltiner les champions du monde et d’Europe espagnols.
Les Bleus, qui pouvaient se permettre de perdre par un but d’écart, terminent 2e du groupe D derrière l’Angleterre et peuvent désormais évoluer en toute sérénité après avoir rempli la mission principale qui leur avait été assignée par le président de la Fédération française de football, Noël Le Graët.
Le chapitre noir de Knysna est enfin refermé et la France retrouve son standing sur la scène continentale. Mais rien n’a été simple pour des Bleus timorés et tétanisés par l’enjeu, surtout après le but d’Ibrahimovic sur une reprise de volée exceptionnelle en seconde période (54e). Larsson a ensuite corsé l’addition dans les arrêts de jeu (90+1) mais les Bleus peuvent remercier les Anglais, vainqueurs de l’Ukraine (1-0).
Avant ce coup de poignard heureusement sans conséquences, il avait déjà fallu un grand Hugo Lloris, décisif sur deux énormes parades devant Wilhelmsson et Mellberg (57e, 58e), pour éviter une énorme désillusion aux Bleus et à Laurent Blanc, qui ont tout de même vu leur série de 23 matches sans défaite s’interrompre brutalement.
Place maintenant à l’Espagne, samedi à Donetsk, pour des retrouvailles corsées avec la référence actuelle du football international. Avec l’Espagne, les Bleus auront ainsi l’occasion de prendre leur revanche sur le revers cuisant subi en amical en mars 2010, annonciateur de la débâcle du Mondial-2010. La Roja aura elle en mémoire la défaite en quart de finale de la Coupe du monde 2006 face à la bande à Zidane (3-1).
Mais au-delà de ce rendez-vous chargé de symboles, cette qualification pour le prochain tour marque surtout le retour au premier plan de la France après les errements des années Domenech et les deux sorties de route prématurées à l’Euro-2008 et à la Coupe du monde 2010.
Pour Laurent Blanc, ce billet pour les quarts, acquis au forceps, n’a rien non plus d’anodin puisqu’il devrait lui permettre de poursuivre son aventure à la tête des Bleus. C’est donc avec le cœur léger que les Français vont aborder leur face-à-face avec l’Espagne.
Mais ce retour dans le Top 8 européen s’est effectué dans la douleur. Après deux premières sorties réussies (1-1 contre l’Angleterre, 2-0 face à l’Ukraine), les Bleus ont totalement déjoué contre des Suédois déjà éliminés. La mission n’avait pourtant rien d’insurmontable mais les hommes de Laurent Blanc se sont payé le luxe de quelques frayeurs, pour la plupart le fait de la charnière centrale Rami-Mexès.
Si Rami a, comme d’habitude, été tout sauf rassurant, Mexès a failli coûter très cher d’entrée en laissant filer Toivonen seul vers le but. Mais l’attaquant suédois, après avoir effacé Lloris, a trouvé le poteau (11e). Le défenseur de l’AC Milan, averti à la 68e minute, sera même suspendu contre l’Espagne.
Pour le reste, les Bleus se sont montrés incapables de se créer des occasions dignes de ce nom, Benzema étant sevré de ballons, seul Ribéry, impressionnant sur le côté gauche, évoluait à son vrai niveau.
Poussive lors du dernier match de qualification contre la Bosnie (1-1), battue par la Suède au moment de décrocher son billet pour les quarts de finale du Championnat d’Europe, l’équipe de France sera passée par toutes les émotions sur le chemin de la rédemption. Il faut juste espérer pour elle qu’il ne s’agissait que d’un cap psychologique à franchir.
Keyvan Naraghi(AFP)