Culture

Aïta mellalia, le beau chant d’appel du Moyen-Atlas

© D.R

Lorsqu’on parle de l’art de Aïta, on pense aux régions de Chaouia, Abda et Doukkala en passant par les régions avoisinantes comme El Haouz et surtout Zaer. L’art de Aïta veut dire, selon son acception traditionnelle, l’Appel, c’est-à-dire l’Appel de la tribu et le retour aux ancêtres pour semer la volonté dans le cœur des hommes et inviter la Muse de la poésie et de la chanson. On distingue plusieurs sortes de Aïta : Aïta El Hasbaouia, Azzaaria ; Al Haouzia, Al Jablia, Al Gharbaouia, Al Marsaouia et Al Mallalia. L’art de Aïta s’inspire de la vie sociale de l’homme marocain et souvent elle repose sur l’Amour, le plaisir le beauté et la nature. Notons que cet art a connu son apparition dans les régions comme Safi, Casablanca, El Jadida, Beni Mellal, Khouribga, Marrakech ; Kalaât Sraghna, Kénitra, Khénifra et Taounat. Pour Abdeslam Ghayour, chercheur dans le domaine de Aïta, la musique est l’un des excellents moyens de langage produits par l’homme rural Et c’est à ce propos qu’il met l’accent, dans son étude, sur l’art de Aïta dans le feuilleton marocain
«Oujâa Trabe» avec les réalisateurs Shimi et Radouane Kassimi. Hassan Nejmi, dans «Etude de la poésie orale et de la musique traditionnelle à partir de Aïta », définit Aïta tel un art poétique et musical qui a ses propres spécificités.
Dans la région de Beni Mellal, et précisément à Fquih Ben Salah, le groupe de Sasta est connu pour son amour et ses recherches dans le domaine de Aïta en général. ALM est allé rencontrer cet homme qui conserve encore un tel art (Aïta) qui est en voie de disparition. Il s’appelle Lakhlil Mohamed, Sasta n’est qu’un nom artistique.
Il a commencé à jouer avec un petit violon depuis l’âge de 14 ans . A cette époque, il n’y avait que quelques groupes folkloriques tel Khalifa Ould Chato à Beni Mellal, Haj Zaroual et Hajja Ghalia à Oued Zem. Selon de témoins de son époque, on l’appelait Sasta car il avait une bicyclette 700 sur laquelle il se déplaçait avec son violon. Sasta affirme au sujet de
Aïta : «La vraie Aïta n’existe plus et rares sont les groupes qui la perpétuent. Moi, j’ai travaillé avec Fatna Bent Lhoucine durant 7 ans et c’est aux environs de 1975/1976. Pour chaque région, il ya un genre de Aïta».
Le groupe folklorique de Sasta opte toujours pour la préservation du patrimoine musical traditionnel de Aïta  car pour Sasta, Aïta Mellalia est synonyme de bravoure, c’était pour inciter les hommes à plus de courage… «Aïta Marsaouia, ajoute-t-il, a le même rythme et elle se compose de 14 Aytas et ce n’est pas comme Ayta Mellalia où on est plus libre. Avant, vers les années 67/68, la belle époque de Aïta, il y avait des groupes dignes de ce nom comme Bnate Bîkar, Aicha Bente al karem, Moulouda… et l’enregistrement des chansons se faisait sur des disques. En plus, les photos n’étaient qu’en noir et blanc. » Lorsqu’on parle de Aïta et  des groupes qui la  perpétuent, on pense à Ouled Ben Aguida, Ouled Bouazzaoui, Fatna Bent Lhoucine, Sasta…Fatna Bent Lhoucine avec qui Sasta a travaillé durant 7 ans, était un genre de personnage picaresque dans la mesure où elle s’est déplacée entre Sidi Bennour, Youssoufia, puis Safi et Casa. Son déplacement était aussi celui de Aïta qui s’est inspirée des différents milieux sociaux où elle a vécu. Aïta, au fil des temps, s’est répandue mais chaque région avait ses spécificités et sa propre identité est c’est pour cela qu’on trouve Layata Bidaouia, Mellalia, Jablia, Houzia…A Fquih Ben Salah, et dans le but de préserver et d’organiser le patrimoine de Aïta, le groupe folklorique de Sasta a donné naissance, en 2001, à une Association appelée «Association Lâmiria du Patrimoine populaire ». Au sujet des objectifs de cette Association, Sasta affirme : « Notre objectif est de protéger ce qui reste de Aïta. Notre Association se compose de 17 groupes folkloriques. On manque de moyens matériels, d’encouragements. Nous organisons chaque année une fête de Aïta et à laquelle assistent un grand nombre de ceux qui s’intéressent à type de patrimoine marocain. 
Aïta est en train d’agonir. Il ne reste qu’environ 5 ou 6 groupes (Ouled Ben Aguida, Ouled Al Bouâzzaoui, Sasta, Ould Soubba, Khadija Margoum à Safi) qui conservent encore ce trésor culturel». Aïta est un art qui reflète l’image de toute une époque de la société marocaine. Nous sommes donc tenus de le préserver, c’est un patrimoine culturel et identitaire.

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